N" 41. - 1908. BUREAUX : 106, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6*0 2ô Décembre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LI SAMEDI MATIN
Les abonnés à la Gazette des Heaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l'abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements........... 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale)......... 15 fr.
L» ïsTurcéro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
K'attention de l'Académie îles Scien-
ces a été appelée, lors de sa der-
nière séance, sur .l'insuffisance des
mesures qui protègent nos anti-
quités préhistoriques. Ce n'est pas la pre-
mière fois que pareille remarque est faite,
et l'on se souvient peut-être que nous avons
eu occasion de signaler ici les observa-
tions de deux savants étrangers qui avaient
voyagé en Franco et avaient été frappés de
l'état d'abandon où on laissait les grottes si
précieuses de la Dordogne. Il n'est pas pro-
bable que des documents d'un grand intérêt
aient déjà disparu ; mais c'est déjà trop que
ce soit possible. La découverte du squelette
moustérien de la Chapelle-aux-Saints, en
excitant si justement d'ailleurs la curiosité
de l'opinion, est venue à point pour rappeler
à quelles sortes de dangers était exposé ce
qui reste de notre préhistoire.
Le plus apparent et le plus facile à conju-
rer est la dégradation. Les célèbres grottes do
la Dordogne, notamment colle de Fond-de-
Gaume où ont été découverts de si curieux
dessins, ne sont pas, dit-on, trèsbien gardées.
On y entre sans dificultq, cl dos visiteurs peu
délicats pourraient aisément emporter des
fragments. La population environnante,
même si elle n'est pas mal intentionnée,
n'attache pas à ces antiquités le genre d'im-
portance qui convient, et il ne faut pas s'at-
tendre à ce que d'elle-même elle les traite
toujours avec encouragement. Encore s'agit-
il ici de grottes déjà connues, étudiées, et,
par conséquent, signalées à la surveillance
qu'à ce jour. Qui a le droit d'y faire des
fouilles? Selon quels principes se règle la
propriété des objets trouvés ? Laissera-t-on
aller à l'étranger des documents d'un intérêt
sans doute très général, mais recueillis en
France et que nous aurions quelques droits
à conserver ?
Autant do questions qui se posent. On sait
que l'Italie a protégé ses antiquités par une
loi sévère, qu'elle a interdit l'exode do toutes
les oeuvres d'art, de tous les documents na-
tionaux, ce qui n'empêche pas quelques-uns,
il est vrai, de s'en aller, mais ce qui relient
le grand nombre. On sait qu'elle a même
refusé le droit de fouiller le sol aux étran-
gers, et que les nations qui ont, comme la
Franco et l'Allemagne, des écoles archéologi-
ques en Italie, voient leurs services refusés,
même quand ils s'offrent bénévolement et
pour le compte du gouvernement italien. Il y
a là un excès assurément, mais il y a aussi
un principe juste. Un pays aie désir national
de garder les monuments de son passé et
tout ce qui vient de son sol, même quand ce
([ne l'archéologie révèle est si ancien que
l'humanité tout entière y est intéressée et
croit y retrouver le témoignage de ses pre-
mières pensées.
NOUVELLES
*** Par arrêté du ministre do l'Instruction
publique et des Beaux-Arts, les restes du
théâtre gallo-romain mis au jour au cours
des récentes fouilles effectuées sur l'emplace-
ment d'Alcsia sont classés parmi les monu-
ments historiques.
Le-conservateur de la Malmaison vient
501
explorées ou même tout à fait négligées jus- [ de l'ile d'Elbe : les canapé et l'anti
publique. Le cas est différent, et il est plus do recevoir do M. Frédéric Masson 1
délicat quand il s'agit des grottes encore peu meuble provenant de la c Villa Napoleone »
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nière séance, sur .l'insuffisance des
mesures qui protègent nos anti-
quités préhistoriques. Ce n'est pas la pre-
mière fois que pareille remarque est faite,
et l'on se souvient peut-être que nous avons
eu occasion de signaler ici les observa-
tions de deux savants étrangers qui avaient
voyagé en Franco et avaient été frappés de
l'état d'abandon où on laissait les grottes si
précieuses de la Dordogne. Il n'est pas pro-
bable que des documents d'un grand intérêt
aient déjà disparu ; mais c'est déjà trop que
ce soit possible. La découverte du squelette
moustérien de la Chapelle-aux-Saints, en
excitant si justement d'ailleurs la curiosité
de l'opinion, est venue à point pour rappeler
à quelles sortes de dangers était exposé ce
qui reste de notre préhistoire.
Le plus apparent et le plus facile à conju-
rer est la dégradation. Les célèbres grottes do
la Dordogne, notamment colle de Fond-de-
Gaume où ont été découverts de si curieux
dessins, ne sont pas, dit-on, trèsbien gardées.
On y entre sans dificultq, cl dos visiteurs peu
délicats pourraient aisément emporter des
fragments. La population environnante,
même si elle n'est pas mal intentionnée,
n'attache pas à ces antiquités le genre d'im-
portance qui convient, et il ne faut pas s'at-
tendre à ce que d'elle-même elle les traite
toujours avec encouragement. Encore s'agit-
il ici de grottes déjà connues, étudiées, et,
par conséquent, signalées à la surveillance
qu'à ce jour. Qui a le droit d'y faire des
fouilles? Selon quels principes se règle la
propriété des objets trouvés ? Laissera-t-on
aller à l'étranger des documents d'un intérêt
sans doute très général, mais recueillis en
France et que nous aurions quelques droits
à conserver ?
Autant do questions qui se posent. On sait
que l'Italie a protégé ses antiquités par une
loi sévère, qu'elle a interdit l'exode do toutes
les oeuvres d'art, de tous les documents na-
tionaux, ce qui n'empêche pas quelques-uns,
il est vrai, de s'en aller, mais ce qui relient
le grand nombre. On sait qu'elle a même
refusé le droit de fouiller le sol aux étran-
gers, et que les nations qui ont, comme la
Franco et l'Allemagne, des écoles archéologi-
ques en Italie, voient leurs services refusés,
même quand ils s'offrent bénévolement et
pour le compte du gouvernement italien. Il y
a là un excès assurément, mais il y a aussi
un principe juste. Un pays aie désir national
de garder les monuments de son passé et
tout ce qui vient de son sol, même quand ce
([ne l'archéologie révèle est si ancien que
l'humanité tout entière y est intéressée et
croit y retrouver le témoignage de ses pre-
mières pensées.
NOUVELLES
*** Par arrêté du ministre do l'Instruction
publique et des Beaux-Arts, les restes du
théâtre gallo-romain mis au jour au cours
des récentes fouilles effectuées sur l'emplace-
ment d'Alcsia sont classés parmi les monu-
ments historiques.
Le-conservateur de la Malmaison vient
501
explorées ou même tout à fait négligées jus- [ de l'ile d'Elbe : les canapé et l'anti
publique. Le cas est différent, et il est plus do recevoir do M. Frédéric Masson 1
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