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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 11.1875

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Nr. 1
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Rayssac, Saint-Cyr de: Quinze sonnets de Michel-Ange
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https://doi.org/10.11588/diglit.21840#0021

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16

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Absente, mille écrits parlent de toi. — Qu'y faire?
Le ciel à sa splendeur te jugeait nécessaire,
Et n'avait que la mort, hélas! pour t'oblenir.

CANZONE.

Comme une flèche arrive et franchit la distance,
Ainsi j'arrive au but de ma longue existence;
Il faut donc apaiser ma flamme et me guérir.
Et toi, je te pardonne, Amour, toutes mes larmes,
Le souvenir lui-même est à présent sans armes
Contre mon cœur qui n'a plus de place à meurtrir.
Si mes yeux à tes traits pouvaient encor se plaire,
Nul doute que ce cœur timide et combattu

Ne reprît sa vieille chimère;
Mais je puis te braver et te fuir; ta colère
De ma force épuisée a fait une vertu.

Mon âme, que la mort entretient face à face,
Se demande en tremblant le sort qui la menace,
Et sa noire tristesse augmente chaque jour;
Chaque jour, par le corps un peu plus délaissée.
Elle prend les chemins ouverts par la pensée,
Frissonnant d'épouvante et d'espoir tour à tour.
Hélas, hélas! Amour, comme ton âme est prompte,
Perfide et sans pudeur! Tu veux, pour mon péché,

De la mort ne pas tenir compte,
M'effacer son image opportune et, sans honte,
Tirer feuilles et fleurs d'un arbre desséché!

Mais que puis-je de plus? que. te dois-je? Ma vie
A ton fatal pouvoir fut si bien asservie,
Que de mes jours nombreux pas un ne fut à moi.
A quel charme, à quel art penses-tu me soumettre
Pour me reprendre encore, insatiable Maître,
Qui sèmes en riant la mort autour de toi?
Il serait insensé vraiment que la victime,
Voyant de sa prison s'écarter un barreau,

Se privât d'un bien légitime,
De cette liberté que tout le monde estime,
Pour rester par plaisir aux mains de son bourreau!

Tout homme fils d'un homme est promis à la terre,
Toute beauté mortelle avec le temps s'altère;
 
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