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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 11.1875

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Rayssac, Saint-Cyr de: Quinze sonnets de Michel-Ange
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https://doi.org/10.11588/diglit.21840#0022

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QUINZE SONNETS DE MICHEL-ANGE.

L'amant, je le sais bien, ne doit pas toujours fuir,
Mais la peine n'en suit pas moins de près le crime :
C'est aller de soi-même au-devant de l'abîme
Que de s'abandonner aux sens et d'en jouir.
Amour, tyran cruel, que veux-tu de mon âme?
Faut-il donc qu'oubliant le mal que j'ai souffert,

Je revienne à ton joug infâme,
Et que ce dernier jour, que mon salut réclame,
Soit le jour de la honte, hélas! et de l'enfer!

0 vous, mes vers brûlants sous les glaces de l'âge,
Allez, et rencontrez l'Amour; calmez sa rage,

Faites qu'il désarme à jamais;
Dites-lui donc un peu, s'il rêve une victoire,
Qu'achever un vaincu c'est une triste gloire,

Et tâchez qu'il me laisse en paix.

C'est ici, dans ces lieux, qu'un jour j'ai tout perdu,
Et moi-même et ma vie aux attraits d'une femme;
Ici qu'en ses beaux yeux j'ai cru voir de la flamme,
Ici qu'avec tendresse elle m'a répondu;

Le nœud resserré là s'est ici détendu,
J'ai souri, j'ai souffert, et puis, la mort dans l'âme,
De cette pierre, un jour, j'ai vu partir la dame
Qui, m'ayant pris mon cœur, ne l'a jamais rendu.

Et je m'assieds, tantôt joyeux, tantôt en larmes,
A la place adorée où, timide et sans armes,
Pour la première fois je me sentis blessé ;

Et tour à tour je pleure ou je ris du passé,

Selon qu'il est amer ou qu'il est plein de charmes,

Amour, le souvenir que tes feux ont laissé.

Il fut une heure, hélas! lointaine et bien passée.
Où, mille fois vaincu sous tes traits accablants,
Je cédais ; mais, Amour, avec mes cheveux blancs
Qu'espérer aujourd'hui de ta flamme insensée?

Que de fois, déchaînant ou glaçant ma pensée,
D'un éperon de fer tu déchiras mes flancs,
Et mon front devenait pâle, et des pleurs brûlants
Baignaient comme un ruisseau ma poitrine oppressée.

— 2e PÉRIODE.
 
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