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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 11.1875

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Nr. 3
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Blanc, Charles: Émile Galichon
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https://doi.org/10.11588/diglit.21840#0219

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208

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

thèque des curieux, à côté des ouvrages classiques de Bartsch, de Du-
chesne, de Robert Dumesnil. Si nous ne l'avions pas perdu si jeune, il
aurait surpassé, je crois, ces savants iconographes, comme il les a au
moins égalés par la qualité de ses travaux, sinon par le nombre. Ses
études constantes sur les peintres-graveurs italiens, les retouches qu'il
méditait à son livre sur Albert Durer, ses recherches toutes récentes sur
les estampes des petits maîtres, les acquisitions qu'il faisait de temps à
autre pour enrichir une collection déjà si riche, ont occupé et adouci les
dernières années de sa vie, passées à Cannes, dans un climat dont la clé-
mence aurait dû le sauver. Jusqu'à sa mort il a été distrait heureusement
et consolé par le travail. Et quelle bonne foi! quelle persévérance!
quelle modestie! « Qui peut se natter, nous écrivait-il, d'avoir épuisé un
sujet d'érudition? On croit avoir consulté tous les ouvrages, feuilleté tous
les cartons susceptibles de fournir un renseignement, et, confiant, on
donne son manuscrit à l'imprimeur; puis, un beau matin, une trouvaille
vous fait regretter l'impression d'un travail que l'on avait considéré
comme complet. Ce mécompte, nous venons de l'éprouver nous-même à
propos de Jacopo de Barbarj. »

L'art de la gravure, ce bel art qui est par excellence et par-dessus le
marché un instrument d'éducation publique, n'est plus guère soutenu
en France que par la Chalcographie du Louvre et par la Société française
de gravure, dont le fondateur a été justement Emile Galichon. Grâce à
lui surtout, l'art du burin se maintient encore chez nous à son ancien
niveau et produit de fort belles choses dans les styles les plus divers.

Voilà ce que peut l'initiative individuelle, même en France, où nous
sommes habitués de si longue main à ne rien tenter que sous le patro-
nage de l'Etat, à ne jamais marcher sans lisières. En voyant ce que le
second directeur de la Gazette des Beaux-Arts a su accomplir, seul,
avec de la fortune, il est vrai, mais surtout avec une énergie morale qui
bravait la maladie, la défaillance des forces et même les avertissements
de la mort, nous sommes encouragé à dire que le monde des artistes et
des amateurs, le monde au milieu duquel nous avons toujours vécu,
vient d'éprouver une perte sensible, une perte cruelle dans la personne
de ce fin connaisseur, de cet ami délicat, de ce citoyen généreux, qu'on
peut appeler, dans toute la force du terme, un homme de bien.

CHARLES BLANC.
 
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