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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 11.1875

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Nr. 6
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Montaiglon, Anatole de: Le Salon de 1875
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https://doi.org/10.11588/diglit.21840#0508

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490

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

un concours, elle devient une halle et un marché. Ceci serait affaire aux
artistes eux-mêmes, et, à un autre moment de l'année, l'Etat pourrait les
y aider par le seul prêt d'un local; mais il faut bien penser que le Salon
est une exposition officielle, maintenue en cette qualité, et à juste titre,
au budget duquel il serait honteux qu'elle disparût, et cette condition
publique fait donner à ce qui s'y trouve une sorte de consécration. Il s'agit
là réellement de l'éducation générale, et le public, qu'on ne fait jamais
intervenir dans la question et vis-à-vis duquel il y a cependant des devoirs,
a le droit qu'on ne lui montre et qu'on ne lui recommande pas de
lamentables platitudes. Elles écœurent ceux qui en souffrent, elles faussent
le goût de ceux dont l'éducation n'est pas encore faite, et, comme il
arrive au théâtre quand un véritable acteur n'est entouré que d'une troupe
de fer-blanc, ce sont les bonnes choses qui perdent, et plus qu'on ne le
croit en général, à se trouver à côté de trop mauvaises, qui déteignent sur
elles et les gâtent. C'est l'ivraie qui étouffe le bon grain, et Je résultat
infaillible est le même qu'en versant des gouttes d'encre dans de l'eau
pure; est-il besoin de dire que ce n'est pas la pureté qui l'emporterait,
car, au moins momentanément, le mal est toujours plus fort que le
bien et ne s'en approche jamais sans l'atteindre et sans le blesser.

Il y a donc quelque chose à faire. Pour l'exposition de l'Etat, c'est
un Salon plus sévère, un Salon, en un mot, pour prendre le terme dans
sa vieille acception, restreint à cinq ou six cents tableaux, autrement dit
à un nombre fixé et connu d'avance, de façon à ce que l'exclusion, néces-
sitée par cette limitation du nombre, n'ait pas forcément le caractère
d'une condamnation. Mais pour cela il faudrait qu'il n'y eût aucune
exemption. L'exemption, qui paraît d'abord juste, est une des plaies des
Salons actuels et la plaie la plus pernicieuse. Non-seulement elle a fait entrer
des œuvres exécrables ; mais, comme il est naturel de croire que tout ce
qui a été exclu doit être en somme inférieur à la valeur moyenne de ce
qui est exposé, l'exemption entraîne à recevoir ce qui se trouve à peu
près au-dessus ou à côté des mauvaises œuvres que l'exemption a fait
entrer, et à abaisser bien au-dessous des dernières limites du médiocre
la moyenne des œuvres admises après examen. On se rendra facilement
compte, en face du Salon même de cette année, que, s'il n'y avait que
six cents numéros au lieu de deux mille dix-neuf, ■— je laisse en dehors
les huit cent six dessins, aquarelles, etc., — il n'y aurait certes pas un
bon tableau de moins. Il y aurait même encore bien des ouvrages d'une
valeur plus qu'ordinaire, de sorte que la sévérité de l'examen ne serait
que bien relative.

Ce n'est, je le répète, que dans la limitation du nombre total du
 
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