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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 11.1875

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Nr. 6
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Montaiglon, Anatole de: Le Salon de 1875
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https://doi.org/10.11588/diglit.21840#0509

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SALON DE 1 87 5.

Salon officiel, en favorisant d'ailleurs l'extrême liberté des expositions
particulières, ce n'est que dans le retrait de l'exemption et clans la jus-
tice de l'examen antérieur que l'on pourrait trouver le moyen d'arrêter
la décadence évidemment croissante des Salons et de la généralité de
l'art lui-même, en excitant ainsi à une production plus haute et plus
élevée, aussi bien que moins hâtive, plus consciencieuse et en même
temps entourée de plus de consécration et de respect.

Il y aurait là-dessus bien à dire, et précisément c'est ce qu'on dit le
moins, parce que ceux qui s'y trouvent directement en cause s'occupent
forcément beaucoup moins du besoin général et supérieur que des idées
et même des passions personnelles, qui arrivent bien vite à n'être que
des intérêts. Mais aujourd'hui j'ai hâte d'entrer en matière.

II.

Ce qui est certain, c'est que, malgré quelques belles œuvres qui sont
l'exception, la moyenne du Salon n'est point élevée. Ce qui domine, c'est
l'habileté, l'émiettement, la recherche du petit succès, tantôt l'exaspéra-
tion de l'individualisme sans valeur, tantôt le pastiche ou plutôt la con-
trefaçon de n'importe quoi et de n'importe qui, pourvu qu'on croie y voir
une chance de meilleure vente, la manie des accessoires, l'obéissance à
la photographie, le culte du morceau, la glorification de l'esquisse et de
la pochade, le mépris de la composition, et par-dessus, ce qui comprend
tout, l'absence à peu près complète de préoccupations intellectuelles et
élevées. Autrement dit, ce qui manque le plus, c'est l'intelligence, sans
laquelle pourtant rien ne se fait de durable. Si cela devait continuer, le
danger serait bien grave; mais, si les artistes et le public réagissent dans
le moment l'un sur l'autre de la façon la plus folle et la plus périlleuse
pour tous deux, il faut penser que c'est la mode, et que la mode a préci-
sément pour caractère de changer. Ceux-là mêmes qui la font ou qui la
suivent seraient autres si la mode était différente, et elle est d'autant
plus près dépasser là où elle n'est pas qu'elle est aujourd'hui plus au con-
traire. En somme, ce qu'on appelle, et à juste titre, la grande peinture
lutte contre l'indifférence ou la raillerie. Le genre, qui a eu une si belle
place et qui mériterait de la garder, n'est pas à coup sûr en progrès; il
a cru trouver le moyen de se passer de bon sens et même d'esprit. Le
paysage, qui avait de si vaillants et de si sérieux interprètes, se perd dans
le lâché de l'improvisation vaniteuse et de la production facile pour être
rapide. L'impuissance même essaye de passer à l'état de principe et de
s'ériger en génie, à quoi se prennent quelques sots. Ils seraient bien
 
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