Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 15.1877

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Chantelou, Paul Fréart de; Lalanne, Ludovic [Hrsg.]: Journal du voyage du cavalier Bernin en France, [3]
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.21844#0533

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
JOURNAL DU VOYAGE DU CAVALIER BERNIN EN FRANCE. 513

et les ayant considérés, j’ai dit qu’il aurait fallu, au lieu que cet ornement n’est
que pour le milieu d’entre les deux ressautements qui sont aux deux coins du
tympan, qu’il remplît tout le tympan, ou du moins qu’on fît courir quelques
banderoles ou feuillages de chêne ou de laurier pour remplir ce vide. Un des
Gaspart, qui a fait ce dessin et a entrepris l’ouvrage, a dit que cela ne se
pouvait pas. Je lui ai reparti que, s’il était fait autrement, cela ferait un
mauvais effet. Lorsqu’on fut en bas, l’on en a reparlé encore, et j’ai répété
mon avis. L’entrepreneur a dit que cela était comme une espèce de bas-relief
et qu’il l’avait fait dans l’intention, de M. Le Vau. J’ai reparti qu’il ne fallait
point orner le tympan (que les antiques les avaient ornés rarement), ou bien
borner tout à fait; que d’ailleurs le Roi n’aurait pas trop d’honneur en
mettant sa devise à l’ouvrage de la grande galerie, et l’attribuer à son règne1.
M. Le Vau, qui était là, a dit qu’il fallait que les frontons fussent ornés
partout. Il a montré à M. Colbert, après cela, un dessin pour le dôme de cette
façade, que je ne me suis point avancé pour regarder. Au retour l’on m’a dit
qu’o'n allait changer la face qui est vis-à-vis de la terrasse, pour y faire régner
la corniche de l’ordre corinthien qui joint cette terrasse. Je me suis fait
expliquer cela et l’on m’a dit que l’architecture de cette corniche ne régnerait
qu’entre les fenêtres, ce qui m’a semblé un grand défaut.

Le seizième, j’ai écrit à M. Colbert, et lui ai mandé au sujet de cet archi-
trave, qui serait interrompu, qu’il me semblait qu’il valait mieux laisser la chose
comme elle egt que de la corriger pour ne la pas faire bien ; que mon frère
était aussi de ce sentiment, et disait que le mot d’architrave porte sa consé-
quence et son importance avec lui, et ne devait être interrompu pour aucune
considération que ce puisse être, étant mieux d’assujettir toutes les autres
choses à cette nécessité.

Étant, après, allé voir le cavalier Bernin, je l’ai trouvé travaillant à
son buste. Il a, sur le midi, envoyé à Mme de Chantelou2 un régal de melons
et d’abricots. Le soir, il a été aux Carmélites 3 où était l’exposition du Saint-
Sacrement. Nous l’avons trouvé resserré, et le tabernacle couvert. Ce taber-
nacle est d’argent et de grande dépense. II y a deux chérubins qui couvraient
les deux tiers du tableau, lequel est du Guide. Quand le Cavalier a vu cela, il a dit
que ces dames faisaient une grande faute, parce qu’elles faisaient juger que
les Français étaient très-ignorants, de couvrir une des plus belles choses qu’on
pût voir, et qui seule valait la moitié de Paris, par une chose qui était laide;
que ces deux s’entre-nuisaient l’une à l’autre; qu’il fallait ôter le tableau d’où

1. C’est-à-dire: si l’on attribuait cet ouvrage à son règne, en y mettant sa devise.

2. Françoise Mariette, née le 9 décembre 1610, mariée en premières noces à René Le Roy,
en secondes à Jacques-Nicolas Chevalier, sieur de Montmort, et enfin en troisièmes (1656)
à M. de Chantelou. Elle mourut en 1690.

3. Ce couvent des Carmélites, le plus ancien des soixante-dix que l’ordre possédait en

France à la fin du xvme siècle, était situé dans la rue du Faubourg-Saint-Jacques. Le grand
autel, grâce à la libéralité de Marie de Médicis, était orné avec une extrême magnificence. Les
deux chérubins dont parle Chantelou étaient en bronze et avaient été fondus par Perlan. Le
tabernacle représentait l’arche d’alliance. Une ou deux fois par an on exposait sur l’autel un
grand soleil d’or enrichi de pierreries. (Voyez le Dictionnaire de Paris, de Hurtaut, t. II, p. 45
et suivantes.) .<

XV. — 2 PÉRIODE.

65
 
Annotationen