Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 16.1877

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Lavoix, Henri: Les arts musulmans: de l'ornementation arabe dans les œuvres des maitres italiens
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.21845#0022

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
16

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Du fond de l’Orient les mages ont suivi l’étoile qui les guide. Pros-
ternés devant l’Enfant-Dieu ils déposent leurs trésors à ses pieds et lui
font., pour ainsi dire, hommage de leur royaume tout entier, tant leurs
présents sont nombreux, tant est grande la foule qui les accompagne.
Une longue caravane d’hommes et de chevaux se déroule dans le loin-
tain à travers les montagnes de la Judée. Dans une scène aussi multiple
et aussi animée, les parties accessoires de l’ornementation sont néces-
sairement répandues avec profusion. Les vêtements brillants d’or et de
soie des rois voyageurs et des personnages de leur suite rappellent
jusque dans les moindres objets du costume le luxe des seigneurs floren-
tins au xve siècle. Au milieu de cette richesse de détails un point frappe
encore et attire particulièrement les regards : c’est le disque d’or qui
entoure la tête de la Vierge. Cette auréole est composée de lettres en
gaufrures, disposées circulairement. Leur saillie est très-prononcée, leur
dessin étrange : un dessin analogue se reproduit aussi dans le nimbe de
Saint-Joseph et se retrouve encore, mais dans des proportions réduites
sur la bordure du manteau d’un roi et sur le baudrier de l’écuyer qui
tient en main un des chevaux des mages. Ces caractères, anguleux à leur
sommet et allongés à leur base, surprennent par leur aspect insolite.
Mais si on les examine avec quelque attention, on reconnaît bientôt sous
leur forme altérée une imitation plutôt qu’une reproduction exacte de ces
belles lettres de style coufique, que les Orientaux ont employées avec
une si grande habileté dans leurs monuments épigraphiques du moyen
âge. La présence de ces lettres arabes dans un tableau religieux, et
particulièrement à la place quelles occupent, pourra paraître singulière ;
pourtant ce fait, étrange au premier abord, trouve son explication dans
une cause toute naturelle. Sans doute, devant le modèle qu’il avait
sous les yeux, le peintre n’a vu que le dessin élégant qu’il voulait repro-
duire, et, moins préoccupé du sens des mots que de la forme des carac-
tères, Gentile da Fabriano a ceint d’une légende musulmane la tête de
sa madone.

Une fois averti de la sorte, si un esprit curieux s’avance dans les
recherches qu’une première observation vient de soulever, des faits ana-
logues se présentent bientôt en grand nombre, et dans les tableaux des
maîtres de la même époque, et dans les ouvrages des maîtres qui les
ont précédés. Giotto, Giovanni da Milano, Agniolo Gaddi, Masolino da
Panicale font fréquemment emploi de lettres orientales. Les nimbes de
leurs saints, les draperies de leurs personnages en sont particulièrement
décorés et enrichis : on voit cet usage se perpétuer et même se marquer
davantage dans Masaccio, le Mantegna, Ghirlandajo, le Fiesole, etc. 11 se
 
Annotationen