LA SCULPTURE AU SALON1
(deuxième et dernier article.)
n parcourant les noms que nous avons
déjà présentés au public, on pourrait se
demander la raison de nos préférences,
et pourquoi tel artiste, qui espérait à bon
droit figurer en tête de notre liste, semble
passer au rang de ceux qu’on pourrait
oublier, sans diminuer la valeur de l’Ex-
position de sculpture. Mais qui oserait
afficher la prétention de distribuer des
couronnes et des accessits? 11 faut laisser
ce soin compromettant au jury et à l’ad-
ministration. Nous avouons donc que nous rendons nos comptes aux
lecteurs de la Gazette, suivant un ordre que le hasard a presque seul
dirigé; et, une fois quitte avec les quatre ou cinq œuvres dont tout le
monde aurait pu, comme la critique, signaler les mérites vainqueurs, on
mettrait volontiers ex œqao tous les concurrents qui les entourent, car, si
celui-ci fait briller, à parfaire un muscle, sa conscience incontestable, il
n’en devra pas prendre d’orgueil, puisque son voisin lui enseignerait
l’art non moins difficile de cacher et de montrer, en même temps, le nu
sous la draperie. Tel voue à la forme un culte exclusif, mais tel autre
s’indignerait qu’on l’enfermât dans le rôle de copiste. Il s’en prend à
l’âme; l’un veut plaire aux yeux, il y réussit : mais ne doit-on pas lui
préférer ce négligent qui saura nous faire penser? Puis il y a encore les
élèves des écoles antiques, trop respectueux échos des vieilles leçons,
mais gardiens, qu’il faut encourager, des traditions nécessaires. Sans
dédaigner leurs avertissements, il sera permis de soutenir d’un regard
-1. Voir Gazette des Beaux-Arts, 2e période, t. XV, p. 529.
(deuxième et dernier article.)
n parcourant les noms que nous avons
déjà présentés au public, on pourrait se
demander la raison de nos préférences,
et pourquoi tel artiste, qui espérait à bon
droit figurer en tête de notre liste, semble
passer au rang de ceux qu’on pourrait
oublier, sans diminuer la valeur de l’Ex-
position de sculpture. Mais qui oserait
afficher la prétention de distribuer des
couronnes et des accessits? 11 faut laisser
ce soin compromettant au jury et à l’ad-
ministration. Nous avouons donc que nous rendons nos comptes aux
lecteurs de la Gazette, suivant un ordre que le hasard a presque seul
dirigé; et, une fois quitte avec les quatre ou cinq œuvres dont tout le
monde aurait pu, comme la critique, signaler les mérites vainqueurs, on
mettrait volontiers ex œqao tous les concurrents qui les entourent, car, si
celui-ci fait briller, à parfaire un muscle, sa conscience incontestable, il
n’en devra pas prendre d’orgueil, puisque son voisin lui enseignerait
l’art non moins difficile de cacher et de montrer, en même temps, le nu
sous la draperie. Tel voue à la forme un culte exclusif, mais tel autre
s’indignerait qu’on l’enfermât dans le rôle de copiste. Il s’en prend à
l’âme; l’un veut plaire aux yeux, il y réussit : mais ne doit-on pas lui
préférer ce négligent qui saura nous faire penser? Puis il y a encore les
élèves des écoles antiques, trop respectueux échos des vieilles leçons,
mais gardiens, qu’il faut encourager, des traditions nécessaires. Sans
dédaigner leurs avertissements, il sera permis de soutenir d’un regard
-1. Voir Gazette des Beaux-Arts, 2e période, t. XV, p. 529.