DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:Timbal, Charles: La sculpture au Salon, 2
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LA SCULPTURE AU SALON.
47
Maréchal-Président, s’est mis à son aise avec le bronze, et, d’une main
prodigue, il a entassé, autour du masque trop poétisé du Marquis de la
Seiglière, les larges plis d’un manteau tragique. Samson n’eût pas
reconnu Scapin sous ce costume un peu emphatique, mais, malgré lui,
tout le monde reconnaît Samson. — M. Genito a placé dans une pose
de conspirateur italien la tête pensive de l’auteur du Trovatore. Est-ce
pour prouver aux envieux que certaines précisions de son petit monstre
faisaient sourire, qu’il est de force à se passer du moulage ?
M. Moreau-Vauthier a reproduit le visage émacié de M. Laurens, de
manière à faire croire qu’il étudie d’avance les procédés du peintre.
M. Godebski ne s’est pas cru obligé de travestir un habile virtuose
en personnage épique. Son Vieuxtemps est une simple et exacte copie
de la nature, mais, comme telle, sans rivale parmi ses congénères. —
Mme la comtesse de Beaumont etMUe Dubois-Davesnes manient l’ébauchoir
avec une aisance toute virile. Le buste du Maréchal deCastries ne serait
pas déplacé au musée de Versailles et le portrait de A/110 A... rappelle,
dans un genre différent, la grâce loyale de Mme TI. Brown. Citons encore,
parmi les réalistes de cette exposition, M. Martin qui a modelé un buste
colossal du regretté docteur Dolbeau, et parmi les fantaisistes que n’inti-
mide pas l’excentricité, M. Ralfaëlli qui, dans son buste de Hans Burg-
meier; tenait à ne pas démériter du peintre de Jean le Boiteux.
Ne peut-on pas ranger parmi les portraits le joli visage de la Medjé,
deM. Lafrance, et la Rêverie, de M. Léonard ; ces deux pastels de marbre
fondus sous le doigt cl’un imitateur du Vinci et du Corrége. Quant à
M. Jacquemart, c’est une photographie fièrement fidèle qu’il a voulu
tirer d’un visage taillé à coups de serpe par la nature dans la forêt de
Château-Lavallière. On n’invente pas une pareille laideur, c’est assez
de la choisir et de se plaire à la traduire. Le succès de ces sortes de
tentatives est toujours douteux, malgré l’étrangeté et malgré le bien-faire.
Mais il y a des tempéraments d’artiste assez hautains pour ne pas se sou-
cier du succès.
Nous n’avons pas tout dit, et combien se plaindront d’une parci-
monie qui nous contraint à passer leurs noms sous silence? Mais les
forces humaines ont des bornes, et je ne suis pas convaincu d’avoir
mesuré exactement celles de mes lecteurs.
CH. TIMBAL.
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Maréchal-Président, s’est mis à son aise avec le bronze, et, d’une main
prodigue, il a entassé, autour du masque trop poétisé du Marquis de la
Seiglière, les larges plis d’un manteau tragique. Samson n’eût pas
reconnu Scapin sous ce costume un peu emphatique, mais, malgré lui,
tout le monde reconnaît Samson. — M. Genito a placé dans une pose
de conspirateur italien la tête pensive de l’auteur du Trovatore. Est-ce
pour prouver aux envieux que certaines précisions de son petit monstre
faisaient sourire, qu’il est de force à se passer du moulage ?
M. Moreau-Vauthier a reproduit le visage émacié de M. Laurens, de
manière à faire croire qu’il étudie d’avance les procédés du peintre.
M. Godebski ne s’est pas cru obligé de travestir un habile virtuose
en personnage épique. Son Vieuxtemps est une simple et exacte copie
de la nature, mais, comme telle, sans rivale parmi ses congénères. —
Mme la comtesse de Beaumont etMUe Dubois-Davesnes manient l’ébauchoir
avec une aisance toute virile. Le buste du Maréchal deCastries ne serait
pas déplacé au musée de Versailles et le portrait de A/110 A... rappelle,
dans un genre différent, la grâce loyale de Mme TI. Brown. Citons encore,
parmi les réalistes de cette exposition, M. Martin qui a modelé un buste
colossal du regretté docteur Dolbeau, et parmi les fantaisistes que n’inti-
mide pas l’excentricité, M. Ralfaëlli qui, dans son buste de Hans Burg-
meier; tenait à ne pas démériter du peintre de Jean le Boiteux.
Ne peut-on pas ranger parmi les portraits le joli visage de la Medjé,
deM. Lafrance, et la Rêverie, de M. Léonard ; ces deux pastels de marbre
fondus sous le doigt cl’un imitateur du Vinci et du Corrége. Quant à
M. Jacquemart, c’est une photographie fièrement fidèle qu’il a voulu
tirer d’un visage taillé à coups de serpe par la nature dans la forêt de
Château-Lavallière. On n’invente pas une pareille laideur, c’est assez
de la choisir et de se plaire à la traduire. Le succès de ces sortes de
tentatives est toujours douteux, malgré l’étrangeté et malgré le bien-faire.
Mais il y a des tempéraments d’artiste assez hautains pour ne pas se sou-
cier du succès.
Nous n’avons pas tout dit, et combien se plaindront d’une parci-
monie qui nous contraint à passer leurs noms sous silence? Mais les
forces humaines ont des bornes, et je ne suis pas convaincu d’avoir
mesuré exactement celles de mes lecteurs.
CH. TIMBAL.