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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 16.1877

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Nr. 1
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Duranty, Edmond: Réflexions d'un bourgeois sur le Salon de peinture, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.21845#0056

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50

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

colorés, complets, de ce faire prodigieux qui place si juste une lumière,
une ombre, un ton, qu’en un instant est réalisé un aspect qui semble
avoir demandé de lentes journées d’étude et d’observation ? A côté des
personnages vêtus de noir, à col blanc, que peignirent les Terbürg, les
Ostade, ce petit personnage, de noir vêtu, donnera à l’avenir une haute
opinion des gens de notre temps. L’homme moderne, ici encore, prend,
reprend toute la supériorité. Cette figure, doublement précieuse par la
célébrité du peintre et du modèle, ramène la note intime dans l’œuvre
de l’illustre artiste, œuvre d’un incomparable savoir, et que l’on ne peut
plus louer, sans répéter ce qui a été partout proclamé.

Le grand portrait en plein air de M. Baudry rappelle M. Meissonier,
surtout par le paysage sur lequel il se détache. Le cheval, quoi qu’on
ait dit, ne sort pas du cadre; il est très-heureusement modelé, de façon
à ne pas opprimer l’homme, et il donne de la hardiesse et de la gran-
deur à l’ensemble, déjà grandi par l’étendue claire et bien développée
du paysage. Le général est très-élégant, d’une pose un peu recherchée,
mais bien mondaine et militaire à la fois, d’une silhouette aisée, agréable,
large, harmonique. Nous l’avons vu dans quelque livre de Paul de Mo-
lènes; on le reconnaît à ce mélange de sentimentalité, de fierté, d’esprit
et de mélancolie qui court sous les traits de son visage.

La couleur du tableau garde un peu d’aigreur dans le jour froid où
elle se répand. Une curieuse dégradation dans la force des tonalités a
entraîné le peintre; les bottes sont peintes avec intensité, relief, éclat,
ensuite le pantalon rouge frappe l’œil, mais déjà il s’aplatit ; puis le corps
ne tourne plus dans le spencer qui est terne; enfin il faut de l’efiort au
regard pour saisir la tête sur le ciel. Quand on l’a bien saisie, on y
trouve ce quelque chose de particulier qui circule, sans résider dans
une construction puissante ou bien arrêtée ; c’est une fine animation
de vie, d’esprit, de sentiment, qui se dégage delà physionomie, et l’on
ne sait mettre le doigt sur le trait précis d’où elle s’exhale. L’accent ne
s’indique point spécialement dans la coloration ou dans le dessin qui ne
sont vigoureux ni l’un ni l’autre, mais il est partout insaisissable, et
une impression d’ampleur domine celui qui regarde cette œuvre de
haute tournure.

Nous voici devant le Marceau de M. Laurens.

On pense tout de suite au peintre allemand Menzel, illustrateur de
la vie du grand Frédéric, en voyant la disposition de la scène, les figures,
et à certains portraits de M. Gigoux, en voyant la clarté mate, la solide
sobriété et le net relief de l’exécution. Quand on se reporte aux premiers
essais de M. Laurens, on reste étonné de ses pas gigantesques, de la
 
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