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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 16.1877

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Nr. 3
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Ephrussi, Charles: Les dessins d'Albert Dürer, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.21845#0225

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212

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

voyages il aimera à jeter rapidement sur le papier toutes les figures ori-
ginales qui passeront devant lui : femmes coiffées de bonnets étranges,
soldats aux uniformes bariolés, bourgeois en habits de fête, etc.; puis à
l’occasion il utilisera ses études pour ses grandes compositions.

Le premier dessin de notre série représente une femme en somptueuse
toilette, marchant vers la droite1; la tête est couronnée d’une large natte
de cheveux, des boucles très-frisées tombent le long des joues; le cou
est entouré d’un collier; les épaules sont nues. Une robe de soie bistre,
relevée par la main droite, laisse voir une jupe de brocart à riche dessin;
la main gauche tient un chapelet. Le corsage très-bas, la taille haute et
les plis droits de la robe ont une curieuse ressemblance avec les modes
du Directoire et du Consulat. Sur le second plan, la même figure plus
petite vue de dos, esquissée à la plume. Cette étude de 1Zi95 a servi
pour la Prostituée cle Babylone (B. 73) de Y Apocalypse.

« C’est ainsi que les femmes de Nuremberg vont à la danse, 1500. »
Telle est la légende écrite par l’artiste au-dessus d’un second dessin du
même genre, qui nous montre une jeune femme en costume nurember-
geois : haut bonnet collé sur le front avec guimpe emprisonnant le men-
ton, robe verte un peu décolletée à grande traîne, avec un corsage à
manches ajustées et une pèlerine à grandes manches ouvertes. Les traits
du visage sont fins et gracieux, la démarche noble et distinguée; le cos-
tume est élégamment porté ; c’est bien en cet appareil que les riches bour-
geoises de Nuremberg devaient aller aux fêtes du Rathhaus (hôtel de ville).
Une troisième figure est accompagnée de cette inscription : « Souvenez-
vous de moi dans votre empire, 1500, c’est ainsi qu’à Nuremberg on va
à l’église. » Une femme, enveloppée dans une houppelande rose doublée
de vert qui laisse voir une jupe bleue, s’avance dans une attitude re-
cueillie. La coiffe, pareille aux grands bonnets des sœurs de Saint-Xin-
cent-de-Paul, enveloppe une tête remarquable par une expression de
piété naïve. Durer a placé cette figure dans sa gravure sur bois le Ma-
riage delà Vierge2 (B. 82). Un quatrième dessin nous présente la ména-
gère nurembergeoise dans son costume d’intérieur : large bonnet enve-
loppant les cheveux, pèlerine rose sur un corsage vert à longues manches,
tablier blanc, aumônière au côté, dans la main une serviette. Notre
maître a ajouté ces mots significatifs : « C’est ainsi qu’on est dans les

1. Trachlenbüder von Albrecht Durer aus der Albertina; sechs Blatter in farben-
holzschnitt ausgeführt von F. W. Bader in Wion. Texte explicatif de M. Thausing.

2. Une copie de ce dessin se trouve au British Muséum; une autre chez M. Mal-
colm de Londres.
 
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