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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 16.1877

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Nr. 4
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Mantz, Paul: Notes sur l'orfévrerie anglaise, 2, Le seizième siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.21845#0330

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NOTES SUR L'ORFÈVRERIE ANGLAISE.

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une grande tasse d’argent doré qu’on a vue à l’Exposition de 1867 et qui
porte, avec les armoiries de la ville de Norwich, la curieuse inscription :
The most hereof is doue by Peter Peterson. La plus grande partie du
travail aurait donc été exécutée par Peterson, qui paraît avoir été un
artiste d’un talent assez viril. La tradition veut qu’il habitât Norwich.
N’était-il pas venu d’un peu plus loin, ne retourna-t-il pas plus tard en
Hollande? On ne sait. Je remarque toutefois qu’il y avait à Harlem
en 1606 un orfèvre qui faisait partie de la garde civique et qui s’appelait
Pieter Pietersz. Pietersz, c’est-à-dire « fds de Pierre », n’est-ce pas la
même chose que Peterson? Quoi qu’il en soit, la coupe qui porte ce der-
nier nom, la grande aiguière de la corporation de Norwich, celle qui
appartient à la reine, démontrent qu’aux approches de 1600, l’orfèvrerie
anglaise n’est plus celle dont Holbein inspirait les modèles sous
Henri VIII. Beaucoup de richesse encore, mais moins de simplicité et
de véritable élégance. L’art se tourne peu à peu du côté de l’emphase.
N’en étions-nous pas au même point sous Henri IV?

Nous aurions peut-être quelque peine à en dire plus long sur
l’histoire de l’orfèvrerie en Angleterre au xvie siècle. Nous n’avons rien
caché de ce que nous savons. C’est peu, et certainement ce n’est pas
assez. Mais il n’y aurait plus de justice au monde si l’on ne permettait
pas à l’écrivain d’ignorer ce qui n’est connu de personne. L’indigence
de nos informations nous contriste profondément. Il faut se résigner,
la matière est si nouvelle; les livres disent si peu! Les travaux comme
celui qu’on vient de lire ne sont que des préparations, des essais de
débrouillement provisoire. D’autres chercheurs viendront qui auront
rencontré dans leur chemin un plus grand nombre d’œuvres et à qui les
documents anciens auront appris plus de choses; ils reprendront cette
flottante esquisse et en préciseront le trait indistinct. L’histoire des arts
du passé implique le concours d’une légion de collaborateurs. Dans ces
recherches d’érudition, où le hasard des trouvailles heureuses a parfois
son rôle, les commencements ne sont pas toujours inutiles. A qui veut
apprendre, tout peut servir, même l’incomplet.

PAUL MANTZ.
 
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