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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 16.1877

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Nr. 5
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Blanc, Charles: Une visite à San-Donato: Galerie de peintures des écoles flamande et hollandaise, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21845#0429

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UNE VISITE A SAN-DONATO.

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du sentiment chez Ruisdaël résulte aussi d’un dessin précis et voulu
qui n’est jamais de pratique, mais constamment pris sur nature dans des
études faites en plein bois; elle résulte du ton de ses écorces qu’il fait
sentir lisses ou rugueuses, claires ou brunes, unies ou mouchetées, selon
les essences ; de certains détails délicieusement accusés, comme, par
exemple, d’un bouquet de sureaux, d’une touffe de chardons. La profon-
deur de ses lointains y contribue également et l’aspect mouvementé de
ses nuages qui, même lorsqu’ils sont gros de pluie, obéissent au vent
qui les pousse et ne présentent jamais la lourdeur que leur donnent
ces empâtements plus ou moins épais dont usent et abusent d’autres
peintres, notamment nos modernes, ni les contours un peu secs qui font
ressembler les nuages à des découpures de papier, connue on les
remarque dans quelques Hobbema. Il est rare au surplus que le passage
du vent ne soit pas indiqué, chez Ruisdaël, par le remuement des menues
branches, par le frémissement des buissons aussi bien que par l’allure
de ses nuages pelotonnés et ambulants. Certains peintres arrivent à des
effets touchants par la seule vérité de l’imitation, en laissant faire la
nature, en se reposant sur elle du soin d’étre émouvante ou aimable.
Ruisdaël, tout en traduisant avec ses couleurs le langage de la nature, y
met encore beaucoup du sien, et il ajoute sa poésie intérieure, sa poésie
humaine, à celle qui transpire dans la campagne et qui émane de l’uni-
vers.

Les différences qui séparent Meyndert Hobbema de Ruisdaël, et les
ressemblances qui les rapprochent, peuvent être parfaitement appréciées
dans la galerie où nous sommes, bien qu’il ne s’y trouve qu’un seul
tableau de Hobbema. C’est une Entrée de forêt que nous avions vue
autrefois dans la galerie ITope, à Paris, et qui faisait partie, en dernier
lieu, de la vente Pereire, en 1872. Les premiers arbres de la forêt envi-
ronnent et ombragent une chaumière défendue par des palissades, la
maison du garde, sans doute, et du sein de la forêt même sort une route
à ornières par laquelle débouche une carriole conduite par un paysan,
et qui est encore dans l’ombre, tandis que sur la lisière du bois, dans
la partie éclairée de la route, chemine un cavalier suivi de deux chiens,
se dirigeant vers un horizon éloigné qui se termine par quelques mai-
sonnettes et quelques arbres. Là où Ruisdaël est fin et fouillé, Hobbema
est corsé, gras et robuste. Ses arbres plus massés, sinon plus touffus,
ses feuilles plus épaisses, une peinture plus juteuse et plus riche, des
terrains plantureux presque toujours éclairés, par un coup de soleil, un
ciel plus clair, des nuages peints avec une certaine gaucherie, enfin un
sentiment de la nature, grave, austère et imposant, voilà ce qui distingue
 
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