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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 16.1877

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Nr. 5
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Ephrussi, Charles: Les dessins d'Albert Dürer, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.21845#0445

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Ii28 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Fondaco de Tedeschi, duquel dépendait l’église San-Bartolommeo.

Dürer d’ailleurs avait été précédé à Venise par sa réputation1, et déjà
une partie de la Vie de la Vierge avait été copiée sans son aveu par Marc-
Antoine Raimondi. Il se peut même, comme le croit Yasari, que le désir
de protester contre cette usurpation se soit ajouté aux causes plus directes
de son voyage. On a dit encore qu’il était appelé de Nuremberg par les
marchands allemands de Venise pour faire dans cette dernière ville le
tableau de la Fêle du Rosaire, destiné au maître-autel de San-Barto-
lommeo. Cette opinion nous paraît peu fondée : en effet, dans sa pre-
mière lettre à Pirckheimer, Durer parle du tableau en question comme
d’une commande nouvelle et ignorée de son correspondant : « Je vous
en prie, dit-il, ayez pitié de ma dette; j’y pense bien plus souvent que
vous. Si Dieu favorise mon retour, je vous payerai honnêtement avec
grand remercîment, car j’ai à peindre, pour les Allemands, un tableau
qu’ils me payeront cent dix florins rhénans... » Il est clair que Dürer
annonce à son ami cette commande comme une bonne fortune toute
récente. Si le tableau lui eût été commandé avant son départ de Nurem-
berg, il aurait sans doute, selon l’usage des artistes contemporains,
demandé quelques avances pour les frais de voyage et eût été ainsi dis-
pensé de contracter, à l’égard de Pirckheimer, une dette qui lui semble
si lourde. C’est donc pour d’autres motifs que notre maître se rendait à
Venise : il croyait y trouver, dans ces temps de dure pauvreté, une vente
facile de ses œuvres; il emportait avec lui six petits tableaux2 et une
importante collection de gravures parmi lesquelles devaient se trouver
Y Adam et Eve, Y Apocalypse, la série (incomplète encore) de la Vie de
la Vierge, etc. En même temps Dürer venait chercher dans la ville des
doges certains éléments d’étude qui lui manquaient absolument en Alle-
magne. Le génie des grands maîtres vénitiens, l’opulence luxueuse des
marchands de la florissante cité, la protection éclairée qu’ils accordaient
aux arts, les séductions de la reine de l’Adriatique, étaient vantés par les
nombreux voyageurs qui revenaient de Venise à Nuremberg.

1. On lit dans Wimpheling que Durer, dès 4 502, était très-connu en Italie et
qu’on y achetait ses œuvres : « Ejus (Martini Schon) discipulus Albertus Durerus et
ipse Alemanus hac tempestate excellentissimus est, et Nurnbergæ imagines absolutis-
simas depingit, quæ a mercatoribus in Italiam transportantur, et illic a probatissimis
pictoribus non minus probantur quam Parrhasii aut Appellis tabulæ. » (Voir Grimm,
Uber Künstler und Kunstwerke, II, p. 224.)

2. Cela semble ressortir du passage suivant de la Lettre III à Pirckheimer : « J’ai
vendu tous mes petits tableaux, sauf un. J’en ai cédé deux pour 24 ducats et trois autres
pour trois bagues qui m’ont été comptées dans le troc pour 24 ducats... »
 
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