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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 16.1877

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Nr. 6
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Ephrussi, Charles: Les dessins d'Albert Dürer, 5
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https://doi.org/10.11588/diglit.21845#0559

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538

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

ment croisées, d’un type vraiment joli, témoigne des progrès accomplis.
Nous avons trois études du maître pour ce tableau : le bras et la main
d’Eve tenant la pomme1 (3fh nature, Collection Franck, àGratz), la tête de
cerf de la Collection Hulot et une charmante aquarelle de la perdrix posée
sur une patte à la droite d’Eve (Albertine).

Le second tableau, le Martyre des dix mille chrétiens, avait été
commandé par l’électeur Frédéric de Saxe. Diirer était au milieu de son
travail lorsqu’il fut interrompu par des fièvres dont peut-être il avait
rapporté le germe d’Italie : « Sachez, écrit-il à Ileller le 28 août 1507
(Lettre I), que je suis depuis longtemps accablé par la fièvre : c’est pour-
quoi j’ai dû cesser pendant quelques semaines mon ouvrage pour le duc
Frédéric de Saxe, ce qui me cause un grand préjudice. Mais son tableau
va bientôt être achevé, car j’en ai fait plus de la moitié. » Mais, comme
toujours, Dtirer est forcé de consacrer à son œuvre beaucoup plus de
temps qu’il ne l’avait cru d’abord : « Apprenez, écrit-il encore à Ileller
(Lettre II), que j’aurai fini dans quinze jours mon travail pour le duc
Frédéric... j’aurais voulu que vous vissiez le tableau de monseigneur;
je crois qu’il vous aurait plu. J’y ai employé presque une année entière
et je n’en ai pas grand profit, car il ne m’est pas payé plus de 280 flo-
rins rhénans. On en dépense presque autant 2. »

On sait que le Martyre des dix mille chrétiens est aujourd’hui au
Belvédère de Vienne. L’Albertine en conserve le premier projet à la
plume3 (signé du monogramme et daté de 1507), d’après une gravure sur
bois du maître (B. 117) d’une époque antérieure. La scène est horrible;
tous les genres de supplice y sont figurés. Cinq groupes de martyrs, dont
trois au premier plan et deux en arrière sur un roc escarpé, sont livrés
aux plus affreuses tortures. Ici on les assomme à coups de maillet, on leur
tranche la tête; là on les crucifie, on les jette pêle-mêle du sommet
d’une montagne. Le roi Sapor et sa suite assistent à ce carnage et donnent

lie. Il cile une belle étude au pinceau avec rehauts blancs de 1506 sur papier bleuté :
Une femme nue tournant la tète à droite, de sorte qu’on voit en partie l’œil droit et le
nez et un peu la bouche. Les cheveux tressés sont retenus par un filet. Le bras droit
se replie sur le devant du corps; ou ne voit que la partie supérieure et le coude avec
un petit morceau de l’avant-bras. Le bras gauche est étendu, la main tient un bonnet.
Beaucoup de sûreté et de précision. Ce dessin a servi pour un bas-relief de 1509 sans
grand changement, si ce n’est que le corps est moins gros et plus élégant (Collection
Hausmann).

1. Y. Thausing, p 286.

2. Cette lettre étant datée du 19 mars 1508, il ressort de ces mots — presque une an-
née entière — que Diirer devait être rentré à Nuremberg dès les premiers mois de 1507.

3. Le lecteur trouvera ici la partie droite de ce dessin.
 
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