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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 17.1878

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Nr. 1
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Gonse, Louis: Le musée Wicar, 6: Musée de Lille
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https://doi.org/10.11588/diglit.22837#0055

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LE MUSÉE WICAR. ' ko

le ravissant croquis de Raphaël à la pointe d'argent pour la soi-disant
figure du Bramante dans la Dispute du Saint Sacrement. A ma connais-
sance, il n'y en a pas moins de vingt, dans la seule collection d'Oxford,
provenant de la première collection de Wicar. Si l'on ajoute à ce nombre
ceux qui lui furent soustraits par un dépositaire infidèle, lors de son
brusque départ de Florence en 1799, et tous ceux dont il se défit certai-
nement de la main à la main dans ses voyages à Paris et à Londres, on
peut penser, au plus grand honneur de notre compatriote, qu'il fut peut-
être le collectionneur le plus heureux et le plus passionné des esquisses
de Raphaël qui se soit jamais rencontré, sans même en excepter Cro-
zat, Mariette et Thomas Lawrence. C'est de lui que provient encore
l'admirable figure d'enfant, à la fresque, par Raphaël, conservée à Rome
dans l'Académie de Saint-Luc. La seconde collection qu'il forma, — il est
même permis de supposer qu'il avait gardé pour lui quelques-uns des
plus beaux dessins de la première, vendue aux Woodburn, —■ et qu'il
légua avec ses autres trésors à la ville de Lille, était certainement la plus
riche. Il la tenait, en grande partie, d'un peintre de Florence, Antonio
Fedi, son concurrent dans l'achat des dessins et son ennemi intime. En
effet, Wicar, qui était fort madré en affaires, avait acheté en 182A, sous
un prête-nom et en bloc, moyennant. 3,000 écus romains, ce qui restait
du cabinet que celui-ci avait formé. Tout ceci explique que sur soixante-
huit dessins il y en ait une soixantaine d'indiscutables et de la plus
exquise qualité.

Mais ce qui rend cette suite particulièrement précieuse et peut-être
unique, c'est le nombre des dessins, au stylet d'argent, appartenant à la
manière péruginesque de Raphaël, puis à sa manière florentine ; à ces
heures fortunées, où chez lui tout est charme, grâce, invention, où la
beauté la plus ineffable coule de source sous sa main, où son génie clans
la plénitude de sa séve produit les plus belles fleurs et les plus beaux
fruits, période de jeunesse expansive, sincère et encore un peu naïve,
sélection suprême de l'art du xve siècle que couronne et illumine la
Dispute du Saint Sacrement et qui vient finir en quelque sorte à la
Chambre de la Signature. Là est le Raphaël auquel personne ne résiste.

Tel on le trouve dans les dessins à la plume du Livre d'esquisses
(1500 à 1506)1 de l'Académie de Venise et dans les dessins au stylet
d'argent du Musée Wicar. Ceux-ci sont adorables entre tous. Raphaël
semble y avoir mis toute son âme; il semble leur avoir confié ses pensées
les plus nobles, ses émotions les plus pures. S'il se sert de ce procédé

h. Voir la Gazette des Beaux-Arts, t. IV, 1re période, p. 202 et suivantes.
 
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