DODONE ET SES RUINES
Par M. CONSTANTIN CAUAPANOS
1 vol. grand in-4° de 242 pages et 1 vol. petit in-folio de 63 planches. — Paris, Hachette, 1878.
Caché au fond d'une étroite vallée de l'Épire, au pied
du mont Tomaros. jadis couvert de forêts de chênes, le
sanctuaire de Dodone est, de toute la Grèce, celui dont la
célébrité remonte à l'époque la plus reculée. Lorsque
les tribus helléniques, après être restées longtemps sur
les hauts plateaux de la Macédoine et de la Thrace occi-
dentale, descendirent lentement par les deux côtés de
la chaîne du Pinde vers le pays où elles devaient définiti-
vement s'établir, l'Épire fut une de leurs routes et Dodone un des points où elles fixèrent
le séjour de leurs dieux. Le couple divin qui y fut adoré, celui de Zeus Naïos et de
Diona, appartient en effet en propre à la race hellénique, de même que le couple analogue
d'Apollon et d'Artémis appartient plus particulièrement aux tribus, proches parentes
des premières, qui vers la même époque venaient occuper la côte d'Asie et les îles de la
mer Égée. Transporté ainsi par les Hellènes des pays du Nord vers leur nouvelle patrie, le
culte de Zeus Naïos et de Diona garda le caractère austère et sombre que l'on rencontre
le plus souvent dans les religions des contrées où le climat est dur et le sol couvert de
grands bois; il se confond presque avec le culte des arbres, des oiseaux et des vents; il
impose à ses ministres des pratiques ascétiques qui rappellent plutôt le genre de vie des
druides que les sacerdoces du monde grec. C'est dans l'arbre des pays du Nord, dans le
chêne, que résident les dieux de Dodone ; c'est par le bruissement du feuillage, pai-
es allures des colombes perchées dans les branches, par le murmure du vent sur les
lèvres d'un grand bassin de métal, qu'ils se révèlent aux mortels et font connaître leur
volonté. Les prêtres du sanctuaire, les To^oupoî, sont astreints à une "vie sévère : ils
ne doivent ni se laver les pieds ni coucher autrement que sur la dure ; les prêtresses,
obligées aune perpétuelle virginité, portent le nom étrange de rcsXsiààeç : ou colombes.
Elles seules savent comprendre et traduire en langage humain les signes envoyés par
Zeus; elles seules, après que les fidèles ont écrit leurs demandes sur des plaques
XVII. — 2e période. 60
Par M. CONSTANTIN CAUAPANOS
1 vol. grand in-4° de 242 pages et 1 vol. petit in-folio de 63 planches. — Paris, Hachette, 1878.
Caché au fond d'une étroite vallée de l'Épire, au pied
du mont Tomaros. jadis couvert de forêts de chênes, le
sanctuaire de Dodone est, de toute la Grèce, celui dont la
célébrité remonte à l'époque la plus reculée. Lorsque
les tribus helléniques, après être restées longtemps sur
les hauts plateaux de la Macédoine et de la Thrace occi-
dentale, descendirent lentement par les deux côtés de
la chaîne du Pinde vers le pays où elles devaient définiti-
vement s'établir, l'Épire fut une de leurs routes et Dodone un des points où elles fixèrent
le séjour de leurs dieux. Le couple divin qui y fut adoré, celui de Zeus Naïos et de
Diona, appartient en effet en propre à la race hellénique, de même que le couple analogue
d'Apollon et d'Artémis appartient plus particulièrement aux tribus, proches parentes
des premières, qui vers la même époque venaient occuper la côte d'Asie et les îles de la
mer Égée. Transporté ainsi par les Hellènes des pays du Nord vers leur nouvelle patrie, le
culte de Zeus Naïos et de Diona garda le caractère austère et sombre que l'on rencontre
le plus souvent dans les religions des contrées où le climat est dur et le sol couvert de
grands bois; il se confond presque avec le culte des arbres, des oiseaux et des vents; il
impose à ses ministres des pratiques ascétiques qui rappellent plutôt le genre de vie des
druides que les sacerdoces du monde grec. C'est dans l'arbre des pays du Nord, dans le
chêne, que résident les dieux de Dodone ; c'est par le bruissement du feuillage, pai-
es allures des colombes perchées dans les branches, par le murmure du vent sur les
lèvres d'un grand bassin de métal, qu'ils se révèlent aux mortels et font connaître leur
volonté. Les prêtres du sanctuaire, les To^oupoî, sont astreints à une "vie sévère : ils
ne doivent ni se laver les pieds ni coucher autrement que sur la dure ; les prêtresses,
obligées aune perpétuelle virginité, portent le nom étrange de rcsXsiààeç : ou colombes.
Elles seules savent comprendre et traduire en langage humain les signes envoyés par
Zeus; elles seules, après que les fidèles ont écrit leurs demandes sur des plaques
XVII. — 2e période. 60