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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 17.1878

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Nr. 1
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Chantelou, Paul Fréart de; Lalanne, Ludovic [Hrsg.]: Journal du voyage du cavalier Bernin en France, [6]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22837#0089

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JOURNAL DU VOYAGE DU CAVALIER RERN1N EN FRANCK. 77

sinât; qu'à cela elle avait connu que c'était lui qui avait fait un chef de
Saint-Jean, pensant auparavant qu'il allait dessiner quelque tête de manière;
que le Pape lui demanda une tête de Saint-Paul qu'il dessina en sa présence '.

J'ai dit, après, à M. Colbert que le Cavalier avait visité ces marbres depuis
peu arrivés, et en avait trouvé quelques blocs qui lui semblaient assez bons.
11 a répondu que c'étaient les premiers venus par son ordre. L'on est allé
ensuite voir les alignements et le Cavalier a montré jusqu'où irait le fossé,
M. Colbert donnant toujours à connaître qu'il avait peur qu'il restât trop peu
d'espace pour la place devant le Louvre, quoique le signor Mathie ait dit qu'ils
en trouvaient trois ou quatre toises de plus qu'il n'était marqué sur le plan
qui avait été envoyé à Rome. L'on s'est fort étendu sur ce sujet, et enfin
M. Colbert a dit que le Roi voulait voir cela lui-même et viendrait exprès à
Paris. Pendant ce discours, un valet de pied est venu apporter une lettre du
Roi à M. Colbert qui était, à ce que j'ai jugé, écrite de la propre main de Sa
Majesté. L'ayant lue, il a dit au valet de pied qu'il n'y avait point de réponse,
qu'il exécuterait ce que le Roi lui demandait, puis il a dit que la Cour revien-
drait bientôt et a prié le Cavalier de faire un dessin de la place qui serait au
devant du Louvre, afin de voir si elle pourrait contenir la quantité de car-
rosses qui s'y trouvent d'ordinaire, cela lui donnant de la peine ; puis s'en
est allé.

Le Cavalier a travaillé jusques à sept heures. Étant venu à son logis, il
s'est trouvé si fatigué qu'il n'a point voulu monter en carrosse et est allé au
salut aux PP. de l'Oratoire. Au retour, il a trouvé chez lui M. de Rellefonds
qui lui a dit qu'il n'aurait que faire de faire porter son buste à Saint-Germain,
et que la Cour serait ici dans huit jours. Il lui a demandé s'il n'y voulait rien
mander et s'en est allé. M. de Rartillat était aussi là qui a conté quelques
particularités de la fermeté de la Reine2 quand M. l'abbé de Montaigu n lui
annonça le troisième qu'il fallait qu'elle se résolût à mourir.

Il m'a dit après, à moi, que M. Levau lui avait montré son nouveau dessin
et qu'il s'encensait lui-même, disant que c'était la plus belle chose du monde
que M. de Colbert lui avait fait remarquer à lui, M. de Rartillat, que le Cava-
lier, qui est le premier homme du temps, ne parlait de ses ouvrages qui sont
merveilleux qu'avec une extrême modestie, et que lui, M. Levau, se louait
lui-même effrontément, qui était une preuve de ce que l'un et l'autre valaient.

1. Voici comme le fait est raconté par Baldinucci (p. 4-5). « La prima opéra che uscisse dal
suo scarpello in Roma fa una testa di marmo situata nella chiesa di S. Potenziana ; avenclo
egli allora il decimo anno di sua età appena compito. Per laquai cosa maravigliosamente com-
mosso Paolo Quinto dal chiaro grido di cotanta virtù, ebbe vaghezza di vedere il giovanetto;
e fattoselô condurre davanti, gli domandô, corne per ischerzo, se avesse saputo fargli colla
penna una testa; e rispondendogli Gio. Lorcnzo : Che testa voleva? soggiunse il pontifice : se
cosi è, le sa far tulle ; e ordinitogti che facesse un S. Paolo. Gli diè perfezione in mez'ora
con franchezza di tratto libero, e con sommo diletto e maraviglia del Papa. »

2. La Reine-Mère.

3. Gautier de Montaigu, « mylord d'Angleterre », comme l'appelle la Gazette de France,
abbé de Saint-Martin et de Nantéuil, grand aumônier de la Reine-Mère. 11 mourut en 1677 à
l'hôpital des Incurables, où il s'était retiré depuis plusieurs années.

( La suite prochainement.)

LUDOVIC LALANNE.
 
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