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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 17.1878

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Nr. 2
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Ballu, Roger: Les derniers travaux de peinture décorative à Paris, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22837#0157

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LES DERNIERS TRAVAUX DE PEINTURE DÉCORATIVE. !'|3

chez les artistes, et le public, qui ne va pas lavoir, soupçonne même-t-il
souvent son existence? Lorsqu'il enlève son échafaudage, l'artiste estbien
heureux s'il entend un léger mouvement d'attention se réveiller autour
de lui. Alors les journaux bien informés lai consacrent, les uns quelques
lignes, les autres une ou deux colonnes ; alors quelques visiteurs
tentent le pèlerinage... Puis tout est dit, et l'oubli se fait. La peinture
cesse en quelque sorte d'être une œuvre d'art pour devenir une partie
et comme un accessoire du monument pour lequel elle a été exécutée.—
Dans un palais de justice, ni les magistrats ni les jurés ne songent à
regarderie plafond de la salle des assises; au théâtre, le principal intérêt
est sur la scène, et il est évident que, dans les églises, la plupart des
fidèles, satisfaits de ne pas trouver les murs blancs et nus, s'occupent
des peintures moins au point de vue artistique qu'au point de vue reli-
gieux.

Cet état de choses est d'autant plus malheureux qu'il est en quelque
sorte inévitable pour le peintre du genre décoratif. Celui-ci, en effet,
ne doit pas exposer son œuvre au Salon annuel; au risque de commettre
une déplorable erreur, il s'interdira de paraître à cette exhibition si
flatteuse et si encourageante. Le travail décoratif, spécialement conçu
pour une place désignée à l'avance, doit être en harmonie décomposition
et de couleur avec l'édifice qui va le recevoir; sous la blanche lumière
des salles éclairées par en haut, à côté des cadres d'or, il n'est plus dans
son milieu et ne saurait être sainement ni sérieusement jugé.— Combien
n'a-t-on pas vu d'artistes qui, jaloux des faveurs du public et voulant
faire servir leur œuvre à deux fins, déguisaient pour ainsi dire un frag-
ment décoratif en tableau? Puis, quand le moment de mettre en place
était venu, ils étaient obligés de reconnaître leur erreur ; la tonalité
générale qui avait paru ferme devenait tellement sombre et noire que la
composition n'était presque plus visible : le désir d'un succès éphémère
avait compromis à jamais le mérite de l'œuvre.

Ces infortunes diverses ne sont pas les seules dont la peinture déco-
rative ait à se plaindre. Cette branche de l'art est devenue presque un
monopole pour l'État, et il faut avouer que celui-ci ne couvre pas d'or ses
artistes. Sans critiquer personne, je le dis hautement, ses rétributions
sont parfois dérisoires, surtout quand on pense qu'un tableau de genre,
quarante fois plus petit, est souvent payé par un particulier vingt fois
plus que la peinture d'un plafond ou d'une chapelle.

Il faut aussi accuser le goût du jour : le temps n'est plus des déco-
rations somptueuses des palais italiens. Une longue galerie de tableaux
divers liât te mieux l'amour-propre et se trouve plus en rapport avec
 
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