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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 17.1878

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Nr. 3
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Gonse, Louis: Le musée Wicar, 7: Musée de Lille
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https://doi.org/10.11588/diglit.22837#0222

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202 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

plus loin que M. Talrich; je pense que quelques parties ont été étudiées
par le sculpteur sur des moulages obtenus directement de la nature, et
sans doute après la mort.

C'est à ce moment que M. Alexandre Dumas fils, épris de la beauté
de l'œuvre, en fit faire à grands frais une copie dont l'exactitude fait
illusion. Elle est aujourd'hui le plus rare ornement de son cabinet de
travail. Yoici, d'ailleurs, ce qu'en disait le spirituel écrivain, grand ama-
teur d'objets d'art, dans une lettre adressée à un de ses amis :

« ... Je voudrais te montrer sur une table, près de ma bibliothèque,
« devant une grande tenture en soie brodée d'animaux fantastiques de
« toutes couleurs, une tête de jeune fille en cire, copie unique que j'ai
« fait faire, de celle qui est au musée de Lille et qu'on rapporte à
« Raphaël ; moi, je la crois de Léonard, mais mon opinion ne fait rien à
« l'affaire. Cette tête est divine. Gras l'a copiée avec amour. Elle est le
« grand Tout en un petit volume, car son expression donne l'image de
« la vie, et la matière dont elle est faite donne la sensation de la mort.
« Ce que nous avons écrit ensemble depuis plusieurs années est prodi-
« gieux... »

Quand et par qui fut fait ce chef-d'œuvre? Cette question, du
moins, a fait un pas important. J'ai déjà dit plus haut que quelques per-
sonnes, au nombre desquelles il faut compter M. Benvignat, se fondant
sur la découverte de figures funéraires en cire, faite à Cumes par le
comte de Syracuse, en 1853, dans un tombeau, voulaient y voir un
produit de l'art antique. Cette opinion, au premier abord, n'était pas
sans apparences de raison. D'abord, il est reconnu aujourd'hui que la
sculpture en cire colorée date de la plus haute antiquité. On connaît
les figurines fréquemment retrouvées-clans les sépultures de l'Egypte;
on connaît aussi l'ode d'Anacréon sur un Amour de cire ; Lysicrate,
frère de Lysippe, était un cirier illustre; enfin, les Romains ont fait
un usage constant de cette matière pour les figures votives et les
figures funéraires. Ces dernières étaient des bustes fixés au corps du
mort à la place de la tête véritable, et notre buste, qui est incontesta-
blement funéraire et qui, ainsi que je l'ai remarqué, a certaines des
apparences de la beauté antique, n'est pas un fragment brisé ou séparé
accidentellement d'un corps en cire; il forme bien un tout distinct;
la coupure de la cire est nette et voulue. Malheureusement ces remar-
ques n'ont rien de concluant. L'usage de modeler des têtes séparées a
été de tous les temps; il a même persisté jusqu'à nos jours. On le
retrouve au moyen âge dans les vœux de cire; il est employé à la
 
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