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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 17.1878

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Nr. 3
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Darcel, Alfred: L' art russe
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https://doi.org/10.11588/diglit.22837#0304

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282

GAZETTE DES BEAUX-A HT S.

les y amenait contre leur gré, il est vrai, et il fallait les racheter après les razzias que
faisaient de temps en temps les vainqueurs.

C'est grâce à ces migrations forcées des Russes vers l'Orient que les arts de la
Perse, de l'Inde et même de la Chine se seraient quelque peu introduits à Vladimir et
à Moscou, tandis que la Russie, isolée de tous côtés, n'avait de relations qu'avec les
Tatars.

Mais alors d'où vient que l'ornementation des manuscrits, qui se développe dans
une direction si particulière pendant le même temps, tende plutôt vers la Scandi-
navie? Il nous semble qu'il y a contradiction.

Si nous quittons ces questions d'influences complexes, que M. E. Viollet-le-Duc a
traitées avec quelque désordre ainsi qu'avec une abondance un peu prolixe compli-
quée de noms de peuples et de races ainsi que d'hypothèses sur les tendances archi-
tectoniques de celles-ci et de celles-là, pour aborder les questions de construction,
nous retrouvons enfin la sobriété du praticien qui possède son sujet et qui sait l'ex-
poser clairement et en peu de phrases.

Les églises russes, étant généralement étroites, se développent surtout en hauteur.
Leurs coupoles profilent sur le ciel leurs bulbes métalliques, portés sur leurs tambours
ajourés qui sortent de combles recouverts de métal.

Au lieu d'être cintrée sur pendentifs comme la coupole byzantine dont le type est
à Sainte-Sophie, la coupole des églises russes repose sur des séries d'arcs superposés
qui servent à passer du plan carré des grands arcs de support au plan circulaire de
!a calotte. Les clefs en encorbellement de chaque arc servent de support à la nais-
sance des arcs de la série supérieure qui dessinent un octogone de moindre rayon,
jusqu'à ce que l'on soit arrivé aux dimensions que l'on veut donner au tambour et à
la coupole qu'il supporte.

Les architectes, qui ont laissé apparente à l'extérieur la tète des arcs qui recouvrent
les nefs afin d'en faire un ornement en môme temps qu'un abri pour les murs, ont
également laissé visibles les têtes de ces arcs de support dont les tympans tantôt pleins
reçoivent un crépi peint ou un revêtement de faïence, tantôt vides donnent du jour à
l'intérieur. Des plaques de métal recouvrent tous ces arcs et les protègent contre les
intempéries, comme le font celles qui sont établies sur les combles et celles qui cachent
la charpente bulbeuse dont la coupole est enveloppée.

Ces bulbes seraient une imitation des monuments indous, monolithes en pierre qui
conservent eux-mêmes dans leur forme la tradition des couvertures métalliques et des
constructions en charpentes d'époques antérieures, dont ils ne seraient eux-mêmes
que des imitations.

Ce mode de construction des coupoles est bien particulier à la Russie, et forme le
caractère indéniable de ses architectures.

Quant à la construction des voûtes, elle serait faite suivant un système particulier à
l'Orient, par séries d'arcs couchés, méthode que nous ne pouvons qu'indiquer ici.

Les arcs des ouvertures sont souvent brisés, outre-passés, contre-lobés, en accolade,
supportés par des colonnes renflées, en forme de balustre, de telle sorte que ces
amortissements des églises russes offrent une grande analogie avec ceux des édifices
de la Perse et de l'Inde.

Mous avons déjà vu quelle était l'ornementation de ces églises. Des nattes, des
entrelacs, des feuillages et des animaux de faible relief, et même des personnages à
l'origine. Au xvie siècle tout est recouvert d'un réseau de tiges enchevêtrées portant
 
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