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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 17.1878

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Nr. 3
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Darcel, Alfred: L' art russe
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https://doi.org/10.11588/diglit.22837#0306

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284

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

des feuillages lobés, ciselés plutôt que sculptés sur le fond qui disparaît entièrement;
système qui rappelle certainement les dessins de revêtements céramiques des monu-
ments de la Perse ainsi que les ivoires indiens.

11 y a là, ce nous semble, une influence bien évidente des arts de l'Asie.
Quant à l'iconographie, qui touche de si près au dogme, elle est byzantine et est
restée exclusivement byzantine. M. E. Viollet-le-Duc dit avec raison que Ylcne est
comme le drapeau du Russe qui, isolé sur une grande surface de pays, est entouré de
tous côtés d'ennemis de sa foi; ce qui explique fort bien qu'elle a dû s'immobiliser
dans ses formes et devenir un canon que les peintres se sont transmis de génération
en génération, tandis que tout se transformait autour d'eux.

A côté de l'architecture religieuse, qui est en Russie un art d'importation, il y a
l'architecture populaire — l'architecture de village — ainsi que l'appelle M. Victor
de Routovsky, laquelle nous semble être autochthone.

Celle-là est en bois, et tout le monde la connaît. Elle est formée par l'empilement
de troncs de bois assemblés à leur extrémité, ainsi que cela s'est pratiqué jadis en
Scandinavie, contrairement à ce que dit M. E. Viollet-le-Duc dés Slaves qui auraient
pratiqué l'empilement, et des Scandinaves qui auraient usé de l'assemblage. Nous
croyons que les peuples se servent des matériaux qu'ils ont sous la main, suivant les
progrès de leur technique; et nous hésitons à adopter cette théorie suivant laquelle
les Aryas étaient des constructeurs en bois, c'est-à-dire des charpentiers, et les gens
de race jaune des constructeurs par agglomération, c'est-à-dire des maçons.

Les Chinois ne sont point de race aryenne — que nous sachions — et leurs con-
structions sont évidemment de bois; les Japonais non plus, et les photographies de
leurs villages des provinces montagneuses et boisées nous montrent une analogie
trompeuse avec ceux de la Suisse, avec leurs toits plats en bois se projetant en larges
auvents sur les murs.

De même les Scandinaves, qui sont de race aryenne, ont commencé par bâtir des
habitations demi-souterraines en pierre et en bois, dont les tumulus de l'Ouest ne
sont que les copies. Puis ils ont construit par empilement, comme les paysans russes.
Plus tard, le bois devenant plus rare dans certaines provinces et surtout dans les
villes, et leur technique s'étant perfectionnée avec leur civilisation, ils ont bâti en pans
de bois.

Toutes ces théories de systèmes de construction différents suivant les races,
théories chères à M. E. Viollet-le-Duc qui les a déjà émises dans ses Entretiens sur
l'architecture, ont besoin, à notre avis, d'être attentivement contrôlées et ne nous
semblent pas devoir être si facilement admises.

En résumé, la Russie, qui se trouve sur le chemin des migrations qui sont venues
successivement des hauts plateaux de l'Asie envahir et peupler l'Europe, et qui sert de
limite au monde oriental et au monde occidental, a dû subir à toutes les époques, aux
plus reculées comme aux plus récentes, une influence particulière.

Laissons de côté tout ce qui touche à la mystérieuse gestation de sa nationalité,
tous les vestiges d'un art inconnu et particulier que l'on rencontre dans les tumulus
des plaines de la Russie méridionale, pour ne voir que ce qui s'est passé à partir du
moment où elle a commencé de naître comme nation. A cette époque, où l'Occident,
maintenu un moment en paix sous la main puissante de Charlemagne, se disputait
les lambeaux de son héritage, et ne vivait que sur le fond romain et grec, c'est de la
Grèce que la Russie recevait sa foi et son art. Puis, isolée de cet Occident à l'époque
 
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