LES DESSINS D'ALBERT DURER 319
En haut, à droite, cette mention de la main même du maître : « Ceci
est l'empereur Maximilien, moi, Albrccht Durer, je l'ai pourtraict à
Augsbourg, dans le haut Palatinat, dans sa petite chambre, alors qu'on
compta, l'an 1518, le lundi après saint Jean-Baptiste. » Le buste de
l'empereur se présente tourné à gauche, presque de profil. Il est coiffé
d'un chapeau rond, de forme basse; les cheveux, sommairement indiqués,
tombent en boucles négligées; les yeux, dont la paupière voile un peu
le regard, le nez fortement arqué, la bouche très-légèrement entr'ou-
verte et pleine de fermeté impérieuse, sont, malgré la rapidité du travail,
d'une facture enlevée avec une étonnante vigueur; les robustes épaules
sont couvertes d'un vêtement à riche dessin, indiqué à grands traits de
plume, sur lequel tombe le collier de la Toison d'or. Toute la figure
porte le cachet de la grandeur impériale qui a conscience d'elle-même,
non sans quelque dédain pour les puissances inférieures. Cette hautaine
physionomie du César allemand est des plus énergiques et des plus vi-
vantes (étude pour les deux gravures sur bois, B. 153 et 163, et qui a
également servi pour le portrait du Belvédère de Vienne).
C'est à Augsbourg, dans la foule des princes laïques et ecclésias-
tiques qui se pressaient autour de Maximilien, que Durer rencontra le
cardinal Albrecht, archevêque de Mayence, primat de Germanie. Il fit
de ce haut personnage deux portraits qui servirent pour deux gra-
vures désignées sous les noms de petit cardinal et grand cardinal,
d'après les dimensions mêmes du cadre. Nous n'avons pas à parler
encore du second, qui est daté de 1523. Le premier est sans date ; il est
très-rapidement esquissé, d'après nature, au fusain (Albertine). Une
étude postérieure, dont la gravure est une fidèle reproduction, porte
deux dates : l'une en haut, en chiffres arabes, « 1519 », accompagnée de
ces mots : « évêque de Mayence » ; l'autre en bas, en caractères
romains, « MDXVIII ». Ce dessin, en sens inverse de la gravure, n'a
guère plus de valeur artistique qu'un calque habilement fait1.
son propre couvent : « M. Albert Durer, qui est un maître ès dessin et un génie,
ferait bien d'examiner de près les monuments imposants (d'Augsbourg), afin que
quand nous rebâtirons, à un moment donné, notre chœur, il puisse nous aider de ses
conseils pour faire de larges fenêtres à coulisse, de façon que nos yeux ne perdent pas
complètement la vue. » (V. Thausing, Durers, Briefe, etc., p. 267.)
\. Ce petit cardinal est l'œuvre dont il est question dans une intéressante lettre de
Durer à Georges Spalatin du commencement de 4 520. « J'envoie en même temps à
mon gracieux seigneur trois épreuves d'une gravure que j'ai faite d'après mon
gracieux seigneur de Mayence sur son désir. J'ai envoyé à Sa Grâce Princière Élec-
torale le cuivre avec deux cents épreuves etjui en ai fait hommage; en échange, Sa
Grâce m'a témoigné une grande générosité, carelle m'a fait présent de deux cents florins
En haut, à droite, cette mention de la main même du maître : « Ceci
est l'empereur Maximilien, moi, Albrccht Durer, je l'ai pourtraict à
Augsbourg, dans le haut Palatinat, dans sa petite chambre, alors qu'on
compta, l'an 1518, le lundi après saint Jean-Baptiste. » Le buste de
l'empereur se présente tourné à gauche, presque de profil. Il est coiffé
d'un chapeau rond, de forme basse; les cheveux, sommairement indiqués,
tombent en boucles négligées; les yeux, dont la paupière voile un peu
le regard, le nez fortement arqué, la bouche très-légèrement entr'ou-
verte et pleine de fermeté impérieuse, sont, malgré la rapidité du travail,
d'une facture enlevée avec une étonnante vigueur; les robustes épaules
sont couvertes d'un vêtement à riche dessin, indiqué à grands traits de
plume, sur lequel tombe le collier de la Toison d'or. Toute la figure
porte le cachet de la grandeur impériale qui a conscience d'elle-même,
non sans quelque dédain pour les puissances inférieures. Cette hautaine
physionomie du César allemand est des plus énergiques et des plus vi-
vantes (étude pour les deux gravures sur bois, B. 153 et 163, et qui a
également servi pour le portrait du Belvédère de Vienne).
C'est à Augsbourg, dans la foule des princes laïques et ecclésias-
tiques qui se pressaient autour de Maximilien, que Durer rencontra le
cardinal Albrecht, archevêque de Mayence, primat de Germanie. Il fit
de ce haut personnage deux portraits qui servirent pour deux gra-
vures désignées sous les noms de petit cardinal et grand cardinal,
d'après les dimensions mêmes du cadre. Nous n'avons pas à parler
encore du second, qui est daté de 1523. Le premier est sans date ; il est
très-rapidement esquissé, d'après nature, au fusain (Albertine). Une
étude postérieure, dont la gravure est une fidèle reproduction, porte
deux dates : l'une en haut, en chiffres arabes, « 1519 », accompagnée de
ces mots : « évêque de Mayence » ; l'autre en bas, en caractères
romains, « MDXVIII ». Ce dessin, en sens inverse de la gravure, n'a
guère plus de valeur artistique qu'un calque habilement fait1.
son propre couvent : « M. Albert Durer, qui est un maître ès dessin et un génie,
ferait bien d'examiner de près les monuments imposants (d'Augsbourg), afin que
quand nous rebâtirons, à un moment donné, notre chœur, il puisse nous aider de ses
conseils pour faire de larges fenêtres à coulisse, de façon que nos yeux ne perdent pas
complètement la vue. » (V. Thausing, Durers, Briefe, etc., p. 267.)
\. Ce petit cardinal est l'œuvre dont il est question dans une intéressante lettre de
Durer à Georges Spalatin du commencement de 4 520. « J'envoie en même temps à
mon gracieux seigneur trois épreuves d'une gravure que j'ai faite d'après mon
gracieux seigneur de Mayence sur son désir. J'ai envoyé à Sa Grâce Princière Élec-
torale le cuivre avec deux cents épreuves etjui en ai fait hommage; en échange, Sa
Grâce m'a témoigné une grande générosité, carelle m'a fait présent de deux cents florins