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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 17.1878

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Nr. 4
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Chantelou, Paul Fréart de; Lalanne, Ludovic [Hrsg.]: Journal du voyage du cavalier Bernin en France, [7]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22837#0389

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JOURNAL DU VOYAGE DU CAVALIER BERNIN EN FRANGE. 359

tant plus grande qu'il l'avait trouvé l'homme de son royaume le plus éclairé
dans ces sciences, que lui, le Cavalier, professait; que Sa Majesté avait remar-
qué dans ses dessins des choses que les plus intelligents de l'art n'auraient
pas si bien connues que Sa Majesté; qu'à Rome, il y avait bien deux cents
personnes qui se mêlaient d'architecture; qu'il avançait hardiment que, dans
ce grand nombre, il y en avait peu qui eussent connu, de la sorte qu'avait
fait le Roi, ce qui était le beau de ses dessins, si tant est qu'il y avait du
beau ; qu'il ne lui avait jamais rien entendu dire que de juste et parfaitement
accommodé au sujet dont il parlait. Ces messieurs l'ont assuré qu'il était de
même en toute matière et qu'ils étaient émerveillés des lumières qu'il avait
en chaque chose; M. Le Tellier et M. de Lionne renchérissant en cela l'un sur
l'autre.

Le Cavalier, après, a dit que M. le Prince lui avait paru aussi un homme
d'un esprit extraordinaire à toutes les fois qu'il l'avait entendu parler, qu'il
avait une extrême vivacité; qu'il ne disait rien de son courage et de sa grande
expérience dans la guerre, mais qu'il avait une conception la plus prompte,
e la più chiara e lucida1 (pour dire ses mots propres), que l'on puisse voir. Il
finit après, répétant encore : « 11 faut que le Roi et moi finissions ceci (mon-
trant son buste) ; si le désir travaillait et le pouvait achever, il serait déjà
fini, et j'ose dire avec perfection. » Cela dit, ces messieurs s'en allèrent, et
lui ne sortit pas de sa place 2.

Le soir, nous fûmes aux Feuillants; mon frère nous ayant rencontrés y
vint aussi. Le Cavalièr lui dit en riant que l'on ne le voyait point, et, par iro-
nie, qu'il était incessamment à faire sa cour de tous les côtés, et qu'il ne s'en
pouvait soûler. Nous avons été ensuite nous promener le long de l'eau; puis
retourné au logis, en prenant congé de lui, il lui a dit qu'il fallait un peu
venir à l'Académie, nous a t'ait excuse, s'il ne nous avait pas entretenus, mais
que le travail lui avait épuisé les esprits.

1. « Et la plus claire et la plus lucide. »

2, G'cst-à-dire : Ne les reconduisit pas.

LUDOVIC LALANNK.

(La suite 'prochainement.)
 
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