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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 17.1878

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https://doi.org/10.11588/diglit.22837#0404

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

maintenant une idée du plan adopté par les auteurs, du soin et du talent apportés par
chacun d'eux à la partie du travail qui lui est propre. Gomme le titre le fait pressentir,
ils ne se sont pas contentés d'étudier le temple d'Apollon Didyméen et d'en faire la
monographie. Ils ont compris que les ruines de l'antiquité s'expliquent par ce qui
les entoure, et que les recherches archéologiques gagnent en solidité et en intérêt à
s'étendre dans un certain rayon, autour du point qui en est le centre et l'objet principal.
Tous ceux qui ont fait des fouilles connaissent les longs jours de patience et d'attente
auxquels la lenteur du travail condamne ceux qui les dirigent. Ce sont ces journées, si
difficiles à passer dans l'immobilité, devant la tranchée béante et vide, que les deux
voyageurs ont mises à'profit pour élargir le cercle de leurs recherches. Pendant que
leurs ouvriers déblayaient le sol, ou plus tard évidaient pour les rendre transportables
les énormes bases sculptées qui font aujourd'hui l'étonnement et l'admiration des visi-
teurs du Louvre, MM. Rayet et Thomas ont trouvé le temps d'explorer, plus attentive-
ment que ne l'avaient fait leurs prédécesseurs, la région environnante. Ils ont obtenu
ainsi des documents multiples et concordants sur toute une époque de l'histoire de
l'art, où cette partie de l'ionie a été le point de départ et le principal théâtre d'une vé-
ritable révolution architecturale. L'étude de ce curieux mouvement du goût grec, qui
détruisit en faveur de l'ordre ionique, l'ancienne prépondérance de l'ordre dorique,
fait l'unité et l'intérêt capital delà publication que nous annonçons.

Dans son premier chapitre, M. Rayet décrit à grands traits, d'un style ferme et co-
loré, la vallée inférieure du Méandre. En s'appuyant sur les témoignages antiques et
sur des observations scientifiques précises, il fait revivre la splendeur du passé à tra-
vers la désolation du présent; il nous montre cette côte de l'ionie, non pas envahie
comme aujourd'hui par les alluvions, mais telle qu'elle devait être dans l'anti-
quité, avec Milet, pour grand débouché maritime, avec Priène en face de Milet, de
l'autre côté de l'entrée du golfe Latmique; il la peint animée par la mer, qui s'a-
vançait alors dans les terres , jusque vers Héraclée du Latmos et Magnésie du
Méandre, et se reliant par le cours du fleuve à la ville carienne de Tralles, marché
intérieur en communication avec les routes de l'Asie. Deux belles cartes confirment
cette démonstration et la font parler aux yeux. Les chapitres suivants sont consacrés
à la description et à l'histoire particulière de Tralles; on y voit à quelle époque et
dans quelles conditions l'ancienne ville asiatique a subi successivement l'ascendant
de la civilisation grecque et la domination de Rome. L'auteur a eu raison de dé-
penser beaucoup d'érudition et de soin à reconstruire jusque dans le moindre
détail cette vie locale des cités : c'est aujourd'hui le seul fond solide sur lequel on
puisse espérer refaire quelques chapitres de l'histoire de l'art antique. Il fait con-
courir à cette reconstruction les textes, les inscriptions, les médailles, avec une variété
de ressources qu'il n'est pas donné à tous de réunir et défaire ainsi marcher de front.

Les ruines de Tralles, entassement confus de débris, n'ont pu être l'objet que d'une
reconnaissance archéologique. Le lecteur ne s'en forme pas moins une idée très-vive
de l'aspect de cette ville demi-orientale, demi-grecque, dont les principaux édifices et
même le grand palais sacerdotal, bâtis en briques suivant la tradition assyrienne et
babylonienne, voyaient s'élever à côté d'eux d'élégantes constructions helléniques;
tels étaient le théâtre, dont la scène était ornée d'un double étage de décorations
peintes, par le scénographe Apatourios d'Alabanda, et le temple d'Esculape, ouvrage
de l'un des maîtres de la nouvelle école ionienne particulièrement étudiée par
MM. Rayet et Thomas. Cet ancien architecte est nommé, au gré des copistes et des
 
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