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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 17.1878

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Nr. 5
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Blanc, Charles: Les fresques de Véronèse au chateau de Masère près de Trévise, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22837#0416

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386

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

ouvrages du généreux maître, et nous savions, par le témoignage des
Vénitiens qui nous les avaient indiquées à Venise, que les décorations
de Masiera (ou Masera) étaient merveilleusement conservées. Mais l'in-
vention des chemins de fer a produit ce phénomène singulier qu'elle a
rendu toutes les autres voies d'une longueur désespérante, de sorte que
partout où l'on ne voyage pas à la vapeur, on trouve impraticables les
routes qui paraissaient autrefois les plus rapides. Les chemins de fer
font sur notre planète comme des raies de lumière qui laissent dans
l'ombre tout ce qu'elles ne touchent point.

En l'année 1873, ayant eu occasion de faire pour la troisième fois
une excursion à Venise, nous eûmes la curiosité d'aller voir avec deux de
nos amis le château de Masère, Il ne fallait pour cela que s'arrêter le
matin à Trévise et y louer une calèche pour la journée. Masère est à une
distance de trois heures. La route qu'il faut prendre traverse une contrée
fertile, cultivée par une population heureuse, riche et forte. Les femmes
y sont belles à tous les âges, même dans leur vieillesse — elles res-
semblent alors à des sibylles de Michel-Ange —. Leur regard est à la fois
aimable et fier. Du haut de leurs charretées de foin, elles nous saluaient
en riant et se rejetaient ensuite dans les bras de leurs frères ou de leurs
maris, hommes robustes, à la taille bien prise, à l'air sérieux et doux,
qui par moments nous rappelaient les moissonneurs de Léopold Robert.

C'est au fond d'une vallée formée par la chaîne de montagnes que
l'on appelle les Alpes carniques, dans un pays agreste et même un peu
sauvage, qu'est bâti le village de Masère (autrefois Masiera), dominé par
le château que nous allions visiter. Nous aurions beaucoup à dire de ce
château dont l'architecture est dans le goût de la renaissance italienne,
et qui est distribué avec convenance et avec ampleur. Palladio en fut
l'architecte, et il en a parlé, mais très-sommairement, selon son habi-
tude, dans son second livre de l'Architecture, qu'il a consacré aux
bâtiments construits sur ses dessins à Vicence et ailleurs. Voici le peu
qu'il en dit :

« La fabrique dont je donne ici le dessin est à Masera, lieu voisin
d'Asolo, dans le Trévisan. Elle appartient à monseigneur le révérendis-
sime patriarche d'Aquilée (Daniel Barbaro) et au magnifique Marc-Antonio,
son frère. Cette partie du bâtiment qui fait saillie au dehors est à deux
étages, dont le supérieur est de plain-pied avec la cour de derrière.
Cette cour, cortile, est de niveau avec le sol de la colline qui a été taillée
et abaissée tout exprès pour faire place à une fontaine richement
décorée de stucs et de peintures. Cette fontaine forme un étang où l'on
nourrit du poisson, et l'eau qui s'en échappe traverse les cuisines du
 
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