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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 17.1878

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Nr. 6
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Beaumont, Édouard de: Armes méconnues
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https://doi.org/10.11588/diglit.22837#0541

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ARMES MÉCONNUES.

501

En leur restituant leur première dénomination générique, on peut les
classer ainsi :

1" La Gorgiera (la Gorgière); elle était usitée, selon une mode d'Ita-
lie, du xme au xve siècle, comme pièce défensive toute indépendante de
l'armure, et s'adjoignait, en temps ordinaire, au simple vêtement de ville;

2° La Bracciaiuola ou le Bracciaiiwlo (le Brassard) qui aussi, du xme '
au xve siècle et presque toujours en même temps que la gorgière, se por-
tait avec le costume civil florentin et servait, en levant le bras, à parer
les coups détaillant d'épée ou d'autres armes tranchantes et invasîves;

3° Le Gant de maille, ou gant de prise (en italien, Guanto di presa,
que l'on nommait aussi Manopola), gant unique, ordinairement revêtu de
maille, qui se mettait à la main gauche quand on sortait le soir et qu'on
adoptait aussi parfois régulièrement dans les duels, surtout en Italie.

Ce gant, ainsi que l'indique l'épithète de «gant de prise» qui lui fut
donnée en italien et en français dans les choaisies des armes de champ
clos et par les écrivains du temps où on l'employait, servait dans l'action
à empoigner, par la lame, l'épée de l'adversaire, pour le désarmer.

Enfin on pourrait ajouter à ces trois sortes de pièces défensives
dédaignées dans les collections d'aujourd'hui,— où aucune d'elles, s'il
en existe, ne figure sous son exacte désignation, — le grand poignard
courbe de Pistoie (Pugnalepistolese) qui semble, également de nos jours,
être tout à fait inconnu, malgré sa forme si particulière. Nous n'en
connaissons aucun type subsistant l.

A la description sommaire qui va suivre, s'ajoutent des dessins faits
d'après de rarissimes spécimens, les seuls que, depuis de longues années,
nous ayons été à même de voir ou de réunir.

1. Dans Matteo Bandello (parte quarta, Kovella, I), le poignard de Pistoie
joue un rôle important.

«QuandoiltruditorTurchijpreso unpugnale pistolese,» et plus loin «Caecio mano
al pistolese e diede sul capo al Deodati una ferita ma perche era debole lo feri
alquanto so la testa e in una gnancia». Turchi saisit le poignard de Pistoie, et en
donna sur la tète de Deodati; mais parce qu'il était faible, il ne le blessa qu'un peu
sur la tête et sur une joue. — Plus loin encore, Turchi dit à un Romagnol, son domes-
tique : « Cingiti a lato il pistolese », ceins le poignard de Pistoie à ton côté.

Enfin Turchi, après avoir, pour son méfait, été grillé à petit feu dans le fauteuil qui
avait servi à son homicide, fut exposé attaché à un long pieu « et li cinsero a lato il
pugnale pistolese », et on lui mit au côté le poignard de Pistoie avec lequel Deodati
avait été tué.

Ces détails indiquent que le poignard de Pistoie était une sorte de sabre court comme
le décrit le Dictionnaire italien de Nathanael Ducz, 1610, au mot Pistolese .-«Un grand
et large poignard, courbé pour la plupart comme un sabre à la façon d'un cousteau. »
 
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