RUBENS.
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îes œuvres ne sont pas encore bien déterminées. François de la Planche
était Flamand: il est tout naturel que Rubens l’ait vu à Paris et soit resté
en correspondance avec lui. L’affaire qui les lia intéresse les travaux de
l’atelier primitif, celui qui avait été établi, sous Henri IV, aux Tournelles
d’abord et ensuite au faubourg Saint-Marceau1. Cet atelier paraît avoir eu
une vie très active jusqu’au 27 décembre 1629, époque à laquelle Fran-
çois de la Planche se retira. L’année suivante, Raphaël de la Planche, fils
de François, s’associa avec Charles de Comans et s’installa aux Gobelins.
Il existe au Garde-Meuble une. suite de tapisseries composée de douze
pièces et représentant Y Histoire de Constantin. Que les modèles aient été
donnés par Rubens, c’est un fait dont on ne peut douter. Les compositions,
les types, le mouvement des draperies, la façon de comprendre l’anti-
quité, tout trahit la main du maître. En outre, les esquisses originales
sont connues : elles ont été gravées par Tardieu. Avant la Révolution,
elles étaient, au nombre de douze, chez le duc d’Orléans, et Dubois de
Saint-Gelais n’a pas manqué de les inventorier dans sa Description des
tableaux du Palais-lloyal (1727). Il dit fort bien qu’elles ont été exé-
cutées en tapisseries. De son côté, Mariette nous rappelle que « le Roy a
cette tenture » : le Garde-Meuble royal en possédait même plusieurs
exemplaires, car il résulte des notes recueillies par M. Alfred Darcel
dans un inventaire dressé vers 1730, que Y Histoire de Constantin a été
reproduite bien des fois, à des époques différentes et avec des bordures
modifiées. Sous Louis XV, la tradition n’était pas perdue, et l’auteur de
l’inventaire nous apprend que l’une des suites « laine et soye, rehaussée
d’un peu d’or », provenait de la « fabrique de Paris, manufacture de la
Planche ». Cette tenture n’est pas celle que le Mobilier national possède
aujourd’hui et dont a pu voir huit pièces, en 1883, au palais des Champs-
Elysées. Mais, ainsi que le constate le catalogue de M. Williamson (nos 27,
28 et 29), l’exemplaire exposé l’année dernière porte, sur trois des pièces
dont les anciennes lisières n’ont pas disparu, la lettre P suivie d’une lleur
de lis ; et c’est bien la marque de l’atelier parisien et même la marque de
la Planche, si les gardes-jurés de la corporation ne se sont pas trompés
dans leurs notes de 1718. Des monogrammes inexpliqués, qu’on trouvera
figurés dans la Tapisserie de M. Eugène Muntz, se lisent aussi sur les
bordures de quelques-unes des pièces de la série. Nous n’avons pas à en
essayer la lecture. Ce que nous voulons dire, c’est que, d’après l’extrait
On se rappelle le passage de Sully : « Je fis jeter par son ordre les fondements
de nouveaux édifices pour ses tapisseries dans la place du Marché-aux-Chevaux. » Le
premier privilège accordé à François de la Planche et à Marc de Comans est de J 607.
Il fut renouvelé en 1625 en faveur des mômes maîtres.
— 2e PÉRIODE.
XXIX.
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îes œuvres ne sont pas encore bien déterminées. François de la Planche
était Flamand: il est tout naturel que Rubens l’ait vu à Paris et soit resté
en correspondance avec lui. L’affaire qui les lia intéresse les travaux de
l’atelier primitif, celui qui avait été établi, sous Henri IV, aux Tournelles
d’abord et ensuite au faubourg Saint-Marceau1. Cet atelier paraît avoir eu
une vie très active jusqu’au 27 décembre 1629, époque à laquelle Fran-
çois de la Planche se retira. L’année suivante, Raphaël de la Planche, fils
de François, s’associa avec Charles de Comans et s’installa aux Gobelins.
Il existe au Garde-Meuble une. suite de tapisseries composée de douze
pièces et représentant Y Histoire de Constantin. Que les modèles aient été
donnés par Rubens, c’est un fait dont on ne peut douter. Les compositions,
les types, le mouvement des draperies, la façon de comprendre l’anti-
quité, tout trahit la main du maître. En outre, les esquisses originales
sont connues : elles ont été gravées par Tardieu. Avant la Révolution,
elles étaient, au nombre de douze, chez le duc d’Orléans, et Dubois de
Saint-Gelais n’a pas manqué de les inventorier dans sa Description des
tableaux du Palais-lloyal (1727). Il dit fort bien qu’elles ont été exé-
cutées en tapisseries. De son côté, Mariette nous rappelle que « le Roy a
cette tenture » : le Garde-Meuble royal en possédait même plusieurs
exemplaires, car il résulte des notes recueillies par M. Alfred Darcel
dans un inventaire dressé vers 1730, que Y Histoire de Constantin a été
reproduite bien des fois, à des époques différentes et avec des bordures
modifiées. Sous Louis XV, la tradition n’était pas perdue, et l’auteur de
l’inventaire nous apprend que l’une des suites « laine et soye, rehaussée
d’un peu d’or », provenait de la « fabrique de Paris, manufacture de la
Planche ». Cette tenture n’est pas celle que le Mobilier national possède
aujourd’hui et dont a pu voir huit pièces, en 1883, au palais des Champs-
Elysées. Mais, ainsi que le constate le catalogue de M. Williamson (nos 27,
28 et 29), l’exemplaire exposé l’année dernière porte, sur trois des pièces
dont les anciennes lisières n’ont pas disparu, la lettre P suivie d’une lleur
de lis ; et c’est bien la marque de l’atelier parisien et même la marque de
la Planche, si les gardes-jurés de la corporation ne se sont pas trompés
dans leurs notes de 1718. Des monogrammes inexpliqués, qu’on trouvera
figurés dans la Tapisserie de M. Eugène Muntz, se lisent aussi sur les
bordures de quelques-unes des pièces de la série. Nous n’avons pas à en
essayer la lecture. Ce que nous voulons dire, c’est que, d’après l’extrait
On se rappelle le passage de Sully : « Je fis jeter par son ordre les fondements
de nouveaux édifices pour ses tapisseries dans la place du Marché-aux-Chevaux. » Le
premier privilège accordé à François de la Planche et à Marc de Comans est de J 607.
Il fut renouvelé en 1625 en faveur des mômes maîtres.
— 2e PÉRIODE.
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