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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 17.1897

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Nr. 2
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Marx, Roger: Les Goncourt et l'art, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.28018#0176

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

esprits ne fut pas différée ; elle éclata très vive à la période obscure,
et toujours égale elle est demeurée; nulle part leur effort n’a été
suivi, dans la diversité de ses manifestations, avec une attention plus
active, plus vigilante. Sous quelque rapport qu’il les examine,
l’historien futur des Concourt devra se référer à la Gazette des Beaux-
Arts, invoquer le témoignage de Ph. Burty, de MM. Philippe de
Chennevières, Charles Ephrussi, Gaston Schéfer, de bien d’autres
encore. La fréquence et l’autorité de ces études fixent les limites de
notre hommage, et si les titres des Goncourt à la piété des esthètes
sont une dernière fois évoques, c’est brièvement, avec le souvenir
des commentaires passés, et en manière d’adieu.

I

« L'art est l’immorlalité d’une patrie. Tout pourrit et finit sans
lui ; c’est l’embaumeur de la vie morte et rien ne survit que ce
qu'il a touché, décrit, peint ou sculpté. » Ainsi se prononcent Edmond
et Jules de Goncourt ; à se remémorer aujourd'hui leur carrière,
elle apparaît logiquement et loyalement suivie, sans la plus passa-
gère dérogation au principe formulé ; seules la passion et la recher-
che incessante de la beauté ont réglé l’existence et l’œuvre des
Goncourt. Ecrivains, ils se soucient, avant tout, de « définir et de
peindre », selon le conseil de La Bruyère et l’exemple de Chateau-
briand ; leurs visées les affilient au groupe des artistes littéraires;
autant, si ce n’est plus que Gautier et Baudelaire, que Leconte de
Lislc et Gustave Flaubert, ils aspirent à un style « façonné en formes
et en couleurs » ; par l’écriture, par la description artistes, ils en-
tendent « faire jaillir l’émotion des choses et du milieu ».

Quelle que soit l’opinion émise à leur sujet, les livres des Gon-
court doivent une part essentielle de leur originalité et de leur valeur
au rayonnement de l’art: il ne favorise pas uniment la création d’une
langue imagée, pittoresque et plastique; il influe sur le fond même
des ouvrages, au point d’en modifier la conception et d’en déterminer
l’ordonnance. De leurs romans, on dirait, à l’avis commun deM. Jules
Lemaître et de M. Alphonse Daudet, une suite de tableaux indépen-
dants et subtilement sériés sur la religieuse, l’homme de lettres, le
peintre, la femme du peuple ou de la bourgeoisie, dans la seconde
moitié du xrxR siècle. Si leurs études sociologiques ont pu renouveler
l’Histoire, avaient conclu bien avant Michelet et Sainte-Beuve, c’est
que les auteurs se sont intéressés au cadre des événements, c’est qu’ils
 
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