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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 17.1897

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Nr. 3
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Marx, Roger: Les Goncourt et l'art, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.28018#0262

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

siasme, un ravissement, une fascination qui suggéreront à Jules de
Goncourt, comme vingt ans après à Henri Régnault, le projet de ne
plus quitter cette patrie d'élection, de vivre définitivement sur la
terre africaine.

Cependant le rêve caressé ne se réalise point ; au voyage d’Al-
gérie succède, l’année suivante (1850), une excursion en Belgique.
Jules de Goncourt en rapporte une Vue intérieure du Palais de justice
à Liège, des silhouettes de gamins dans le goût d’Henry Monnier,
puis le Pont de Bruges, une aquarelle jugée essentielle, lorsqu’on la
vit à l’Exposition centennale, en 1889; elle provoque le parallèle
avec Bonington ; elle montre, chez Jules de Goncourt, la faculté de
varier, de graduer la lumière selon les climats, et le pouvoir d’évo-
quer victorieusement, après l'Orient étincelant de diaprures, les
tristes Flandres grises et embrumées. On trouve des témoignages
aussi heureux de ces recherches d’ambiance dans une série de ma-
rines exécutées, vers la même époque, à Trouville et à Sainte-Adresse ;
mais où éclate le mieux le talent du peintre, où il donne sa pleine
mesure, c’est à coup sûr dans le livret des notes d’Italie.

Dès 1851, c’est devenu une habitude pour les Goncourt de con-
signer quotidiennement les sensations éprouvées au contact des
êtres et des choses, et il ne leur arriva d’être infidèles à leur mémo-
rial qu'un semestre durant, de novembre 1855 à mai 1856. Le
séjour en Italie remplit cet intervalle ; quant aux impressions trans-
alpines, transcrites en dehors du Journal, elles ont été assez abon-
dantes pour fournir la matière d'un entier volume 1 ; battrait de son
originalité est attribuable à la fraîcheur d'imagination des auteurs
— Edmond atteint à peine sa trente-troisième année, Jules n’a pas
vingt-cinq ans ; — il vient aussi de l'acuité des facultés observa-
trices et de la curiosité toujours et sur tous sujets en éveil. Les
deux frères n'isolent pas le présent du passé, la créature du milieu,
l'art de la vie ; ils interrogent le costume et le mobilier, puisent
leurs informations auprès de la cour et du peuple, promènent leur
enquête du théâtre dans les salons, des musées dans la rue. Comme
au temps de leur tour de France, ils se sont munis d’un carnet de
route, « un carnet de papeterie primitive, relié en parchemin blanc »,
et de nouveau la fine écriture du manuscrit s’entremêle de croquis
et d’aquarelles, dus cette fois à Jules seul. Mais il y a loin du débu-

1. L'Italie d’hier, i vol. in-18 illustré, Charpentier et Fasquelle, 1894. —
Une édition de luxe (de format in-8°) avec reproductions en couleurs, a paru la
même année chez Conquet.
 
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