LES MINIATURES DES MANUSCRITS MUSULMANS 283
les costumes que les miniatures occidentales du moyen âge donnent
aux soldats romains ou aux guerriers de Carthage.
D’autres fois, quoique plus rarement, c^est le fait contraire qui
s’est produit : une miniature d’une certaine époque, du xvne siècle,
par exemple, a été copiée sans aucun changement sur une miniature
du xve, et ne représente, par conséquent,ni les armes, ni l’habille-
ment de l’époque à laquelle le livre a été écrit, mais celle à laquelle
l'a été son prototype. Cela n’empêche point les peintures de beau-
coup aider à l’intelligence des textes orientaux ; elles valent mieux
que tous les dictionnaires, pour les noms d’armes ou d’animaux,
dont une sèche explication sans dessin ne donne qu’une intelligence
assez imparfaite. On comprend, par exemple, bien mieux le manie-
ment des mangonneaux (mandjânik), quand on a vu des miniatures
représentant le siège de Bagdad, par le khan mongol Hoûlâgoû,
qu’après en avoir lu la description dans les meilleurs dictionnaires
persans ou arabes. Telle miniature représentant une boutique d’or-
fèvre ou de libraire nous fait entrer dans les détails les plus intimes
de la vie des Orientaux à une époque déjà lointaine, et l’étude des
peintures des livres religieux permet souvent d’établir le chemin
qu’a suivi une idée à travers les différentes civilisations du monde
pour arriver jusqu’en Occident.
On trouve des manuscrits ornés d’illustrations ou de tentatives
quelquefois malheureuses d’illustration dans tous les pays du monde,
et l’on peut les répartir d’une façon sommaire en trois catégories :
les manuscrits d’origine musulmane : arabes, persans et turcs ; les
manuscrits chrétiens, comprenant les livres arabes, syriaques,
arméniens et coptes, écrits et illustrés par des chrétiens; et enfin,
les manuscrits de l’Inde non musulmane et de l’Extrême-Orient.
Cette dernière division est tout artificielle, car il n’y a aucun rapport
entre un ouvrage illustré au Siam et une peinture (si l’on peut
employer ici ce nom) de manuscrit exécuté sur plaques de bois par
les cannibales des îles de la Sonde. Ce n’est que pour ne pas multi-
plier inutilement les divisions que nous adoptons cette rubrique,
suffisamment justifiée par le petit nombre de livres venant de ces
pays.
Nous ne nous occuperons, dans cette étude, que des manuscrits
d’origine musulmane. Ce sont, en effet, de beaucoup les plus impor-
tants, non seulement par leur nombre, mais surtout par la perfection
avec laquelle sont exécutées leurs miniatures et les différentes pein-
tures qui les ornent. Nous entendons par manuscrit arabe, persan
les costumes que les miniatures occidentales du moyen âge donnent
aux soldats romains ou aux guerriers de Carthage.
D’autres fois, quoique plus rarement, c^est le fait contraire qui
s’est produit : une miniature d’une certaine époque, du xvne siècle,
par exemple, a été copiée sans aucun changement sur une miniature
du xve, et ne représente, par conséquent,ni les armes, ni l’habille-
ment de l’époque à laquelle le livre a été écrit, mais celle à laquelle
l'a été son prototype. Cela n’empêche point les peintures de beau-
coup aider à l’intelligence des textes orientaux ; elles valent mieux
que tous les dictionnaires, pour les noms d’armes ou d’animaux,
dont une sèche explication sans dessin ne donne qu’une intelligence
assez imparfaite. On comprend, par exemple, bien mieux le manie-
ment des mangonneaux (mandjânik), quand on a vu des miniatures
représentant le siège de Bagdad, par le khan mongol Hoûlâgoû,
qu’après en avoir lu la description dans les meilleurs dictionnaires
persans ou arabes. Telle miniature représentant une boutique d’or-
fèvre ou de libraire nous fait entrer dans les détails les plus intimes
de la vie des Orientaux à une époque déjà lointaine, et l’étude des
peintures des livres religieux permet souvent d’établir le chemin
qu’a suivi une idée à travers les différentes civilisations du monde
pour arriver jusqu’en Occident.
On trouve des manuscrits ornés d’illustrations ou de tentatives
quelquefois malheureuses d’illustration dans tous les pays du monde,
et l’on peut les répartir d’une façon sommaire en trois catégories :
les manuscrits d’origine musulmane : arabes, persans et turcs ; les
manuscrits chrétiens, comprenant les livres arabes, syriaques,
arméniens et coptes, écrits et illustrés par des chrétiens; et enfin,
les manuscrits de l’Inde non musulmane et de l’Extrême-Orient.
Cette dernière division est tout artificielle, car il n’y a aucun rapport
entre un ouvrage illustré au Siam et une peinture (si l’on peut
employer ici ce nom) de manuscrit exécuté sur plaques de bois par
les cannibales des îles de la Sonde. Ce n’est que pour ne pas multi-
plier inutilement les divisions que nous adoptons cette rubrique,
suffisamment justifiée par le petit nombre de livres venant de ces
pays.
Nous ne nous occuperons, dans cette étude, que des manuscrits
d’origine musulmane. Ce sont, en effet, de beaucoup les plus impor-
tants, non seulement par leur nombre, mais surtout par la perfection
avec laquelle sont exécutées leurs miniatures et les différentes pein-
tures qui les ornent. Nous entendons par manuscrit arabe, persan