Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 17.1897)

BAUDOUIN, PEINTRE RELIGIEUX

401


d’estimer combien Baudouin là, comme souvent, hélas ! comme
toujours, s’approchait des possibilités et des vraisemblances; la cri-
tique qu’on lui oppose tombe devant les récits un peu crus des
écritures contemporaines.

Lorsqu’il meurt en 1769, à peine âgé de quarante-six ans, on
répand l’opinion que ses excès l’ont fourbu ; il a eu moins de tem-
pérament que son beau-père, mais sa vie a été pareille. « Boucher est
un montreur de ..., vivant avec les prostituées, et dont les anges
sont de petits satyres malpropres. » On n’alla point si loin pour
Baudouin et ses gouaches des Épîtres et Evangiles ; pourtant, au
moment de sa mort, il en exposait au Salon quelques feuillets, et on
en eût pu dire pis que pendre; on s’abstint. La commande royale en
imposait ; c’eût été volontairement se chercher une mauvaise que-
relle. Une ou deux mentions brèves, plutôt des éloges et ce fut
tout1. Baudouin quitta son logement du Louvre, la résidence offi-
cielle des peintres du roi, pour une sépulture à Saint-Germain-
l’Auxerrois, le 16 décembre 1769 ; il était mort la veille à sept heures
du soir.

HENRI BOUCHOT

(La fin prochainement.)

1. L’auteur du Sentiment sur les tableaux exposes, 1769, écrit ceci : « La plupart
des morceaux ou feuillets de son livre d’église sont exécutés ou composés avec
tout le large de l’histoire ». L'Année littéraire, lettre XIIIe, dit : « Plusieurs feuillets
du livre de VÉpître et celui de l’Évangile, destinés pour la chapelle du Roi, font
éclater dans M. Baudouin le génie le plus heureux pour la composition, et la plus
belle facilité pour l’exécution. Ces morceaux sérieux sont rendus avec un art
singulier. » J’en passe d’aussi banals.

XVII. — 3e PÉRIODE.

31