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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 1
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Yriarte, Charles: Sabbioneta, [1]: la petite Athèns
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0014

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

voulant pour son harem, la força à fuir nue de son palais assiégé
pendant la nuit. Juiia avait élevé Vespasien, né à Fondi ; comme
neveu, il avait hérité d’elle et, en reconnaissance, donné le nom de
sa tante à la plus belle voie de la cité.

Au premier abord., sous l’ardeur du soleil, toutes portes closes,
Sabbioneta nous apparaît comme une cité endormie. La petite ville est
cependant chef-lieu du onzième district de la province de Manloue
et sa population s’augmente de ses faubourgs, tenus en dehors des
murs indestructibles qui condamnent l’ancienne capitale à ses étroites
limites. Ce qui frappe ici le voyageur, c’est l’imité de la conception,
la vue d’un ensemble réalisé d’un seul coup à la moitié du xvi° siè-
cle, l'organisation complète d'une petite principauté à la fois mili-
taire, politique et civile. Tout a été prévu du premier jour : la dé-
fense (point capital alors), l’administration, l’échange, la justice, la
culture intellectuelle, le souci de la religion et celui de la charité.
A chacune de ces nécessités sociales répond un monument : palais,
temple, banque, zecca, fonderie de canons, bibliothèque, impri-
merie, école d’art, musée des antiques, université, tribunaux et mont-
de-piété. Chaque construction est réduite d’ailleurs à sa proportion
rationnelle, mais tout est noble dans la forme. L’art qui embellit, le
goût qui relève, le respect des ancêtres qui conserve à l’histoire les
traditions et les titres, ont perpétué l’œuvre du fondateur; et pour
que le passant, en ce coin de la province lombarde « fuori di mano »,
sache à qui reporter l’hommage que mérite tout pasteur de peuple
digne de ce nom, il n’a qu’à entrer ici dans la galerie des ancêtres,
qui conserve leurs images à tous et il peut admirer, sur le tombeau
du prince auquel étaient dus de tels bienfaits, sa statue, chef-d’œuvre
de bronze, resté inconnu de l’Italie presque tout entière et qui a pu
échapper au dernier et si consciencieux historien de Leone Leoni,
sculpteur de Charles-Quint et de Philippe IL

LE PALAIS DüCAL

Si les monuments existent, il n’est point à dire que le temps
et l’incurie des hommes n’aient exercé sur eux leur action habi-
tuelle; la façade du Palais ducal, par exemple, qui se dresse sur la
grande place, à l'angle de laquelle s’élève une colonne qui portait
autrefois la statue du prince, quoique intacte dans sa masse, n’offre
plus, à l’heure actuelle, aucun intérêt d’art. Du vivant même de son
fondateur, l’incendie l’avait endommagée; depuis, la suppression des
 
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