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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Le plan est assez vaste; c’est un parallélogramme isolé de tous
les côtés, divisé en trois parties : la façade sur la place, une cour au
centre, avec deux ailes, et un îlot postérieur avec entrée monumen-
tale. Au point de vue de la construction, la conservation est parfaite ;
les dispositions du plan sont les mêmes dans leur niasse, mais leur
affectation spéciale à la municipalité a entraîné des modifications
de détail. Tout le rez-de-chaussée est occupé par les écoles élémen-
taires des deux sexes. Il y a là six salles, dont tous les plafonds sont
ornés de fresques, de stucs rehaussés d’or, de compositions mytho-
logiques, qui indiquent une destination primitive très relevée.
Nombre de ces plafonds sont de la plus grande richesse, un peu
lourds, toujours cossus, pris dans la masse du bois, dorés à l’or de
sequin, et sculptés presque en ronde-bosse avec une singulière har-
diesse. Un peintre, dont nous reconnaîtrons ici la manière, visible
aussi dans d’autres édifices, a laissé dans la salle aujourd’hui affectée
à l'étude du dessin une composition de grande allure, une Diane et
Endymion avec les Amours se jouant à leurs pieds; plus loin, une
Léda et le cygne, avec quatre autres sujets mythologiques enca-
drés dans des grottesclii du pinceau le plus spirituel. Les cheminées
de porphyre sont décorées des armes ducales, avec le berret, l’écu,
la devise Libertas sous les foudres ailées, et les inscriptions vesp. d.
g. dux. sablox. i. Tout le reste est à l’abandon; une partie de l’aile
fermant la cour est devenue la prison; le reste est approprié aux bas
services; enfin, une vaste salle donnant de plain-pied sur la cour,
la salle du cluc cl’Albe, qui contenait jadis douze statues équestres,
les ancêtres de Gonzague, a été morcelée, tandis que, dans le cartile,
on a fermé les arcades du beau portique intérieur qui répondait aux
divisions de la façade principale.
LA SALLE DES ÉQUESTRES
Du vestibule central au rez-de-chaussée, un large escalier de
marbre conduit à l’étage noble, dans une salle des Gardes, dénommée
aujourd’hui la Sala dei Cavalli, parce qu’on y a transporté quatre
des statues équestres qui figuraient autrefois dans la salle du duc
d’Albe du rez-de-chaussée. Ces quatre équestres, sauvés de la rage
ignorante ou de la malignité des hommes, sont ceux qui représentent
Yespasien, duc de Sabbioneta, Louis Gonzague, second marquis de
Mantoue, son ancêtre, chef de la branche, Louis de Traghetto, dit
Rodomonte, père de Yespasien, et Jean François, marquis de Rodigo,
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Le plan est assez vaste; c’est un parallélogramme isolé de tous
les côtés, divisé en trois parties : la façade sur la place, une cour au
centre, avec deux ailes, et un îlot postérieur avec entrée monumen-
tale. Au point de vue de la construction, la conservation est parfaite ;
les dispositions du plan sont les mêmes dans leur niasse, mais leur
affectation spéciale à la municipalité a entraîné des modifications
de détail. Tout le rez-de-chaussée est occupé par les écoles élémen-
taires des deux sexes. Il y a là six salles, dont tous les plafonds sont
ornés de fresques, de stucs rehaussés d’or, de compositions mytho-
logiques, qui indiquent une destination primitive très relevée.
Nombre de ces plafonds sont de la plus grande richesse, un peu
lourds, toujours cossus, pris dans la masse du bois, dorés à l’or de
sequin, et sculptés presque en ronde-bosse avec une singulière har-
diesse. Un peintre, dont nous reconnaîtrons ici la manière, visible
aussi dans d’autres édifices, a laissé dans la salle aujourd’hui affectée
à l'étude du dessin une composition de grande allure, une Diane et
Endymion avec les Amours se jouant à leurs pieds; plus loin, une
Léda et le cygne, avec quatre autres sujets mythologiques enca-
drés dans des grottesclii du pinceau le plus spirituel. Les cheminées
de porphyre sont décorées des armes ducales, avec le berret, l’écu,
la devise Libertas sous les foudres ailées, et les inscriptions vesp. d.
g. dux. sablox. i. Tout le reste est à l’abandon; une partie de l’aile
fermant la cour est devenue la prison; le reste est approprié aux bas
services; enfin, une vaste salle donnant de plain-pied sur la cour,
la salle du cluc cl’Albe, qui contenait jadis douze statues équestres,
les ancêtres de Gonzague, a été morcelée, tandis que, dans le cartile,
on a fermé les arcades du beau portique intérieur qui répondait aux
divisions de la façade principale.
LA SALLE DES ÉQUESTRES
Du vestibule central au rez-de-chaussée, un large escalier de
marbre conduit à l’étage noble, dans une salle des Gardes, dénommée
aujourd’hui la Sala dei Cavalli, parce qu’on y a transporté quatre
des statues équestres qui figuraient autrefois dans la salle du duc
d’Albe du rez-de-chaussée. Ces quatre équestres, sauvés de la rage
ignorante ou de la malignité des hommes, sont ceux qui représentent
Yespasien, duc de Sabbioneta, Louis Gonzague, second marquis de
Mantoue, son ancêtre, chef de la branche, Louis de Traghetto, dit
Rodomonte, père de Yespasien, et Jean François, marquis de Rodigo,