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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 1
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Babelon, Ernest: Les camées antiques de la Bibliothèque Nationale, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0041

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LES CAMÉES ANTIQUES DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 33

compositions d'un style mièvre et poncif, ces belles sardonyx multi-
colores, qui rehaussent, par leur éclat et la richesse de leurs nuances,
le travail du touret et de la bouterolle, et le même succès les attend
auprès du public, qui aime encore les choses nobles et délicates et
ne demande qu'à admirer et à être contraint d’applaudir.

D’où vient ce joli terme de camée, qui désigne, chez nous, les
gemmes gravées en relief, par opposition aux intailles, pierres fines
ou demi-fines gravées en creux et servant de cachets? Quels sont
les plus anciens camées ?

Ni I es Grecs ni les Romains n’avaient de mot spécial poui'
nommer les camées, qu’ils recherchaient pourtant avec passion, dont
ils aimaient à s'e parer et quiconstituaientchez eux un élément essen-
tiel de luxe domestique. Ils ne les désignaient que par des péri-
phrases, comme vû-ck syysyXupévoi., ectypæ imagines, ou par les noms
spéciaux de chaque pierre, tels que sardonyx, calcédoine, jaspe, etc.,
ou simplement par le mot gemma. Le terme moderne de camée,
nous disent les dictionnaires, est emprunté de I italien cameo, qui a
la même origine que l’ancien mot français camaïeu. Mais ce mol
camaïeu, quelle est son origine ?

On le rencontre fréquemment en français, à partir du xiu° siècle,
avec les orthographes les plus variées : camahieu, ccimaheu, earna.hu,
gamahut, camoyu, camahiu, chamayeu, chamahou, chamah, cama-
hier, camaieul, camaycul, kameuz, camciut, camoyu, camcieu, catma-
hieu, camay eu, camaïeu, etc.] dans les textes latins du même temps,
on a : camahutus, camahotus, camahelus, ccimaholus, camay nus,
camaeus, etc.

Nous nous dispenserons de rapporter les hypothèses proposées
par nombre d’érudits, dès le xvie siècle, pour expliquer par le grec,
le latin, l’hébreu ou même l’arabe ce mot dont le sens était, aux
xm° et xivc siècles, une gemme gravée, soit en relief, soit en creux 1.
Au lieu de rattacher, comme le font nos dictionnaires, le mot
camahieu h une forme hypothétique du bas-latin, camateum, qui
serait formée sur le grec xapaxeueiv, travailler, je me rangerais plus
volontiers à l’opinion qui fait dériver camahieu, camayeul, camaholus
du grec xsiuG,mov, qui signifie proprement un joyau. Pour les Grecs
de Constantinople, les camées étaient les joyaux par excellence;

1. J. Guiffrey, Les Inventaires de Jean duc de Berry ; t. I, InLrocL, p. cxxi.

XIX. — 3' PÉR IODE
 
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