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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
d'un caractère large et vigoureux. Un sait, par des comptes récem-
ment publiés, que Beauneveu dirigeait de grandes décorations pour
le duc de Berry ; mais, à part quelques miniatures de manuscrits,
on connaît plutôt des œuvres de son école que des travaux impor-
tants exécutés par lui.
L’intimité entre les deux frères, le duc de Bourgogne et le duc
de Berry, était si grande qu'ils échangeaient à tout propos des pré-
sents d’orfèvrerie et d’objets rares. Us faisaient mieux encore : iis se
prêtaient réciproquement les artistes qui travaillaient à leur service.
Aussi l'art de la cour de Philippe de Bourgogne, dans sa première
période, est-il plus français que flamand, par suite des relations avec
les artistes parisiens qui étaient la conséquence des nombreux séjours
du duc à l’hôtel d’Artois, à Conflans et dans les environs de Paris.
Plus tard, une végétation germanique vint recouvrir ce tronc pri-
mitif, lorsque l’activité politique de la Bourgogne, devenue indépen-
dante, se dirigea vers le Nord et se développa presque exclusivement
dans la contrée située entre la Meuse et le Rhin.
Beauneveu a-t-il peint des tableaux ou des fresques? Nous n’en
savons rien. C’était un grand artiste, auquel tous les genres de déco-
ration étaient familiers, qui traçait des compositions de toute sorte,
que le duc de Berry faisait exécuter dans ses palais ; mais on ignore
s’il les achevait lui-même, et ses seuls travaux authentiques, en dehors
des statues qui sont empreintes de son style, sont les miniatures du
psautier latin de la Bibliothèque Nationale, où sont tracées légère-
ment, à la gouache, des figures d’apôtres et de prophètes, dans un
style large et sculptural. Il se faisait aider, dans P enluminure des
manuscrits du duc de Berry, par Jacquemart de Hesdin, qui tradui-
sait ses compositions avec une puissance inimitable de couleur ;
rien d’impossible à admettre que d’autres peintres aient été également
appelés à exécuter les grandes pages qu’il avait dessinées.
Le duc de Bourgogne avait alors près de lui, comme peintre-
valet de chambre, Jean de Beaumez ou de Beaumetz, qui entretenait
des relations suivies avec Beauneveu et qui dut être influencé par lui.
Plusieurs localités de la Somme et du Pas-de-Calais portant le nom
de Beaumetz, on ne sait de laquelle était sorti cet artiste, mais, en
tout cas, il était presque compatriote de Beauneveu, né à Valen-
ciennes, et tous les deux appartenaient au Hainaut. Jean de Beaumez
figure, pour la première fois, comme peintre-valet de chambre, sur
les comptes de Philippe de Bourgogne, en 1375. A ce moment, il
résidait à Paris, où le duc séjournait souvent, et il fut envoyé à Dijon,
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d'un caractère large et vigoureux. Un sait, par des comptes récem-
ment publiés, que Beauneveu dirigeait de grandes décorations pour
le duc de Berry ; mais, à part quelques miniatures de manuscrits,
on connaît plutôt des œuvres de son école que des travaux impor-
tants exécutés par lui.
L’intimité entre les deux frères, le duc de Bourgogne et le duc
de Berry, était si grande qu'ils échangeaient à tout propos des pré-
sents d’orfèvrerie et d’objets rares. Us faisaient mieux encore : iis se
prêtaient réciproquement les artistes qui travaillaient à leur service.
Aussi l'art de la cour de Philippe de Bourgogne, dans sa première
période, est-il plus français que flamand, par suite des relations avec
les artistes parisiens qui étaient la conséquence des nombreux séjours
du duc à l’hôtel d’Artois, à Conflans et dans les environs de Paris.
Plus tard, une végétation germanique vint recouvrir ce tronc pri-
mitif, lorsque l’activité politique de la Bourgogne, devenue indépen-
dante, se dirigea vers le Nord et se développa presque exclusivement
dans la contrée située entre la Meuse et le Rhin.
Beauneveu a-t-il peint des tableaux ou des fresques? Nous n’en
savons rien. C’était un grand artiste, auquel tous les genres de déco-
ration étaient familiers, qui traçait des compositions de toute sorte,
que le duc de Berry faisait exécuter dans ses palais ; mais on ignore
s’il les achevait lui-même, et ses seuls travaux authentiques, en dehors
des statues qui sont empreintes de son style, sont les miniatures du
psautier latin de la Bibliothèque Nationale, où sont tracées légère-
ment, à la gouache, des figures d’apôtres et de prophètes, dans un
style large et sculptural. Il se faisait aider, dans P enluminure des
manuscrits du duc de Berry, par Jacquemart de Hesdin, qui tradui-
sait ses compositions avec une puissance inimitable de couleur ;
rien d’impossible à admettre que d’autres peintres aient été également
appelés à exécuter les grandes pages qu’il avait dessinées.
Le duc de Bourgogne avait alors près de lui, comme peintre-
valet de chambre, Jean de Beaumez ou de Beaumetz, qui entretenait
des relations suivies avec Beauneveu et qui dut être influencé par lui.
Plusieurs localités de la Somme et du Pas-de-Calais portant le nom
de Beaumetz, on ne sait de laquelle était sorti cet artiste, mais, en
tout cas, il était presque compatriote de Beauneveu, né à Valen-
ciennes, et tous les deux appartenaient au Hainaut. Jean de Beaumez
figure, pour la première fois, comme peintre-valet de chambre, sur
les comptes de Philippe de Bourgogne, en 1375. A ce moment, il
résidait à Paris, où le duc séjournait souvent, et il fut envoyé à Dijon,