ALEXANDRE ROSLIN
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blique des lettres, où les susceptibilités sont si promptes à s’émou-
voir, il avait réussi à se faire pardonner son étonnant succès. Ces
résultats, toutefois, faillirent être compromis à la suite d'une com-
pétition que nous allons raconter. Le duc de La Rochefoucauld avait
projeté de se faire peindre, entouré de sa famille, en un vaste tableau.
La commande était d’importance : 15.000 livres, prix royal pour
GUSTAVE III ET SES DEUX FRÈRES DISCUTA X T U N P U A N DE CAMPAGNE, PAR ROSLIN
(Musée de Stockholm)
l’époque. Aussi plusieurs artistes avaient-ils tenté de la détourner
à leur profit, Greuze, entre autres, assez besogneux, quoiqu’il vendît
bien sa peinture, car la belle Rabuty ne ménageait guère ses écus.
Diderot, qui goûtait fort le talent du mari et peut-être aussi les
beaux yeux de la femme, mit tout en œuvre pour faire choisir son
ami; mais l’influence de Watelet et du marquis de Marigny fit
échouer ses efforts, et le tableau resta à Roslin.
Dans ces circonstances, on pouvait prévoir que Diderot jugerait
sans indulgenoe l’œuvre du peintre étranger. Il n’y manqua pas, en
effet. Quand le tableau parut au Salon de 1765, le critique lui con-
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blique des lettres, où les susceptibilités sont si promptes à s’émou-
voir, il avait réussi à se faire pardonner son étonnant succès. Ces
résultats, toutefois, faillirent être compromis à la suite d'une com-
pétition que nous allons raconter. Le duc de La Rochefoucauld avait
projeté de se faire peindre, entouré de sa famille, en un vaste tableau.
La commande était d’importance : 15.000 livres, prix royal pour
GUSTAVE III ET SES DEUX FRÈRES DISCUTA X T U N P U A N DE CAMPAGNE, PAR ROSLIN
(Musée de Stockholm)
l’époque. Aussi plusieurs artistes avaient-ils tenté de la détourner
à leur profit, Greuze, entre autres, assez besogneux, quoiqu’il vendît
bien sa peinture, car la belle Rabuty ne ménageait guère ses écus.
Diderot, qui goûtait fort le talent du mari et peut-être aussi les
beaux yeux de la femme, mit tout en œuvre pour faire choisir son
ami; mais l’influence de Watelet et du marquis de Marigny fit
échouer ses efforts, et le tableau resta à Roslin.
Dans ces circonstances, on pouvait prévoir que Diderot jugerait
sans indulgenoe l’œuvre du peintre étranger. Il n’y manqua pas, en
effet. Quand le tableau parut au Salon de 1765, le critique lui con-