GAZETTE DES BEAUX-ARTS
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de lions, qui rappellent la hardiesse des huchiers du palais ducal,
enfin les traînées de couleurs sur les murs de la façade, restes en-
core visibles des décorations peintes qui les couvraient de la base au
faite, révèlent la noble origine de l’édifice.
Vendu par le Domaine autrichien à des particuliers qui s’étaient
taillé des jardins dans le petit enclos, le Giardino a été, dans ces
vingt dernières années, racheté par la municipalité à un certain
Spiridione Gialdi ; nombre de salles du rez-de-chaussée sont affec-
tées à des écoles, les autres sont louées à un ortolano, qui exploite
le jardin converti en potager; mais la partie supérieure est réservée;
si ce n’est point l’entretien ni le salut pour l’édifice, c’est tout au
moins la garantie contre les méfaits à venir et les atteintes brutales.
Au rez-de-chaussée, une seule pièce occupe la largeur, avec vue
sur la place et sur le jardin, et toutes celles qui se succèdent dans
la longueur se communiquent. Leur dimension varie de o à 10 mè-
tres; elles étaient décorées de fresques, de stucs, de plafonds peints
ou de caissons sculptés. Cinq d’entre elles, livrées à des usages vul-
gaires, sont absolument condamnées et ne conservent que des ves-
tiges de décoration. Cinq autres, à part les atteintes du temps et,
çà et là, quelques marques de brutalité et d’ignorance, pourraient
être restituées en leur état primitif. La plus grande salle, à plafond
voûté peint à fresque, mesure dix mètres de long sur six, et doit
être de la main de Bernardino Campi ; une admirable cheminée, en
marbre rouge de Vérone, couronnée de deux grandes cornes d’abon-
dance d’une belle ampleur, arrête le regard. Les cheminées des
édifices de Sabbioneta mériteraient toutes d’être reproduites pour
leur noble forme ; trois autres, à ce seul étage, constituent des mo-
dèles de belle simplicité. L’effort des décorateurs s’est porte sur une
seconde salle, de dimensions plus restreintes (5m70 x 4n,30), où l’on
reconnaît le parti pris des élèves de Jules Romain. La voûte est
divisée en grands compartiments de stucs délicats rehaussés d’or,
encadrant divers sujets : Le Jugement de Salomon, Les Juifs offrant
un sacrifice dans le désert, Le Triomphe de Mars portant à la main
une statue de la Victoire, avec l’inscription :
Hic Maris et Terre imperium sibi mare subegit
Ruptum cœlum si liquisset erat.
Au dieu Mars fait pendant le César Auguste, assis sur le trône,
la statue de la Victoire à la main, avec l'inscription :
Imperium primus Romane gentis adeptits
Divino meruit Cœsar honore coli.
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de lions, qui rappellent la hardiesse des huchiers du palais ducal,
enfin les traînées de couleurs sur les murs de la façade, restes en-
core visibles des décorations peintes qui les couvraient de la base au
faite, révèlent la noble origine de l’édifice.
Vendu par le Domaine autrichien à des particuliers qui s’étaient
taillé des jardins dans le petit enclos, le Giardino a été, dans ces
vingt dernières années, racheté par la municipalité à un certain
Spiridione Gialdi ; nombre de salles du rez-de-chaussée sont affec-
tées à des écoles, les autres sont louées à un ortolano, qui exploite
le jardin converti en potager; mais la partie supérieure est réservée;
si ce n’est point l’entretien ni le salut pour l’édifice, c’est tout au
moins la garantie contre les méfaits à venir et les atteintes brutales.
Au rez-de-chaussée, une seule pièce occupe la largeur, avec vue
sur la place et sur le jardin, et toutes celles qui se succèdent dans
la longueur se communiquent. Leur dimension varie de o à 10 mè-
tres; elles étaient décorées de fresques, de stucs, de plafonds peints
ou de caissons sculptés. Cinq d’entre elles, livrées à des usages vul-
gaires, sont absolument condamnées et ne conservent que des ves-
tiges de décoration. Cinq autres, à part les atteintes du temps et,
çà et là, quelques marques de brutalité et d’ignorance, pourraient
être restituées en leur état primitif. La plus grande salle, à plafond
voûté peint à fresque, mesure dix mètres de long sur six, et doit
être de la main de Bernardino Campi ; une admirable cheminée, en
marbre rouge de Vérone, couronnée de deux grandes cornes d’abon-
dance d’une belle ampleur, arrête le regard. Les cheminées des
édifices de Sabbioneta mériteraient toutes d’être reproduites pour
leur noble forme ; trois autres, à ce seul étage, constituent des mo-
dèles de belle simplicité. L’effort des décorateurs s’est porte sur une
seconde salle, de dimensions plus restreintes (5m70 x 4n,30), où l’on
reconnaît le parti pris des élèves de Jules Romain. La voûte est
divisée en grands compartiments de stucs délicats rehaussés d’or,
encadrant divers sujets : Le Jugement de Salomon, Les Juifs offrant
un sacrifice dans le désert, Le Triomphe de Mars portant à la main
une statue de la Victoire, avec l’inscription :
Hic Maris et Terre imperium sibi mare subegit
Ruptum cœlum si liquisset erat.
Au dieu Mars fait pendant le César Auguste, assis sur le trône,
la statue de la Victoire à la main, avec l'inscription :
Imperium primus Romane gentis adeptits
Divino meruit Cœsar honore coli.