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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
rons aussi que la figure de saint Georges terrassant le dragon se
retrouve dans un autre retable de la Chartreuse, sculpté par Jacques
de Baerze et doré par Broederlam.
La Vie de saint Georges — et non de saint Michel, comme le dit le
catalogue de 1849, — est divisée en trois scènes, exactement com-
posées comme celles du Saint Denis. Au centre est également un cal-
vaire, au pied duquel est agenouillé un chartreux; à gauche se
trouvent les Saintes Femmes et saint Georges en armure, avec le
dragon à ses pieds ; à droite, la tête sur le billot, est le saint, qu’un
bourreau va décapiter en présence de nombreux spectateurs.
Le Saint Georges mesure exactement 2m10 de largeur sur lm42
de hauteur. C’est la même dimension que celle de la Vie de saint
Denis, qui offre 2ra10 sur lm60 (peut-être le tableau a-t-il été légère-
ment rogné dans sa hauteur). Ces mesures correspondent à ceux
de deux des panneaux commandés au charpentier Daniel Hobel, dont
la dimension était de 6 pieds 1/2 de long sur 4 pieds 1/2 de large. II
faut rappeler cependant que Bellechose avait peint pour la Chartreuse
un tableau de la Mort de la Vierge, en même temps que le Martyre
de saint Denis. Il pourrait se faire que le Saint Georges ait fait l’objet
d’une commande postérieure, ce saint étant très en honneur dans
l’ancienne chevalerie, parce qu’il passait pour avoir protégé plusieurs
croisades en Terre Sainte. En résumé, il est certain que les deux pein-
te res du Louvre viennent de la Chartreuse de Dijon, et si l’on
remarque des différences de facture entre elles, c’est que la carrière
artistique de Bellechose se prolongea longtemps. Les comptes de la
maison ducale le montrent, de 1415 à 1431, chargé de besognes
secondaires qui ne méritent pas d’être citées. A deux reprises seule-
ment il reçoit des commandes d'une certaine importance. La première
est celle d’un grand tableau de 7 pieds de long sur 3 de haut, destiné
à la chapelle du château de Saulx et représentant, au milieu, l’image
de Notre-Dame tenant son Enfant, et, à droite et à gauche, saint
Jean l’Evangéliste, avec feu le duc Jean, et saint Claude, présentant
le duc Philippe le Bon. En 1429, Bellechose passa marché avec les
fabriciens de Saint-Michel de Dijon, pour décorer d’or et d’argent le
tabernacle — la statue de saint Michel, — peindre sur bois un
retable représentant le Christ entouré des douze apôtres, et nn
devant d’autel figurant Y Annonciation, d’or, d’azur et de diverses
couleurs, moyennant 37 francs1.
1. Voir B. Prost, Artistes dijonnais du XVe siècle (Gazette des Beaux- Arts, 3epér.,
t. VI, p. d63).
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
rons aussi que la figure de saint Georges terrassant le dragon se
retrouve dans un autre retable de la Chartreuse, sculpté par Jacques
de Baerze et doré par Broederlam.
La Vie de saint Georges — et non de saint Michel, comme le dit le
catalogue de 1849, — est divisée en trois scènes, exactement com-
posées comme celles du Saint Denis. Au centre est également un cal-
vaire, au pied duquel est agenouillé un chartreux; à gauche se
trouvent les Saintes Femmes et saint Georges en armure, avec le
dragon à ses pieds ; à droite, la tête sur le billot, est le saint, qu’un
bourreau va décapiter en présence de nombreux spectateurs.
Le Saint Georges mesure exactement 2m10 de largeur sur lm42
de hauteur. C’est la même dimension que celle de la Vie de saint
Denis, qui offre 2ra10 sur lm60 (peut-être le tableau a-t-il été légère-
ment rogné dans sa hauteur). Ces mesures correspondent à ceux
de deux des panneaux commandés au charpentier Daniel Hobel, dont
la dimension était de 6 pieds 1/2 de long sur 4 pieds 1/2 de large. II
faut rappeler cependant que Bellechose avait peint pour la Chartreuse
un tableau de la Mort de la Vierge, en même temps que le Martyre
de saint Denis. Il pourrait se faire que le Saint Georges ait fait l’objet
d’une commande postérieure, ce saint étant très en honneur dans
l’ancienne chevalerie, parce qu’il passait pour avoir protégé plusieurs
croisades en Terre Sainte. En résumé, il est certain que les deux pein-
te res du Louvre viennent de la Chartreuse de Dijon, et si l’on
remarque des différences de facture entre elles, c’est que la carrière
artistique de Bellechose se prolongea longtemps. Les comptes de la
maison ducale le montrent, de 1415 à 1431, chargé de besognes
secondaires qui ne méritent pas d’être citées. A deux reprises seule-
ment il reçoit des commandes d'une certaine importance. La première
est celle d’un grand tableau de 7 pieds de long sur 3 de haut, destiné
à la chapelle du château de Saulx et représentant, au milieu, l’image
de Notre-Dame tenant son Enfant, et, à droite et à gauche, saint
Jean l’Evangéliste, avec feu le duc Jean, et saint Claude, présentant
le duc Philippe le Bon. En 1429, Bellechose passa marché avec les
fabriciens de Saint-Michel de Dijon, pour décorer d’or et d’argent le
tabernacle — la statue de saint Michel, — peindre sur bois un
retable représentant le Christ entouré des douze apôtres, et nn
devant d’autel figurant Y Annonciation, d’or, d’azur et de diverses
couleurs, moyennant 37 francs1.
1. Voir B. Prost, Artistes dijonnais du XVe siècle (Gazette des Beaux- Arts, 3epér.,
t. VI, p. d63).