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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 2
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Champeaux, Alfred de: L' ancienne École de Peinture de la Bourgogne, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0155

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142

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

remplacé celle du moyen âge architectural, pour constituer un art
spécial emprunté à la nature et au sol de leur pays.

On attribue à Broederlam plusieurs tableaux qui présentent de
l’analogie avec les volets de Dijon; aucun cependant ne peut pro-
duire de certificat d’origine et, faute de preuves, il faut rester dans un
doute prudent. L’un de ceux qui paraissent le plus se rapprocher du
maître est un petit diptyque légué au Musée National de Florence
par M. Carrand, qui offre, d'un côté, la Vierge avec l’Enfant Jésus,
assise dans une chaise à dossier damassé et accompagnée de six saints ;
et, de l’autre, la Crucifixion, avec la Vierge et des cavaliers. Ce dip-
tyque réunit au style des miniatures françaises de la lin du xive siècle,
composées d’après les œuvres des peintres siennois et de Lorenzo
Monaco, les types de vieillards à longue barbe qui se retrouvent dans
les tableaux de Broederlam. Le fond de l’un des volets est occupé par
deux tribunes remplies d’anges musiciens, tels que ceux que les van
Eyck introduiront plus tard dans leurs grandes allégories chrétiennes.
M110 Micheli, à Paris, possède un triptyque dont les volets mobiles,
entourant une Vierge sculptée, sont ornés de petits sujets d’un carac-
tère identique. La même collection renferme un diptyque peint sur
les deux côtés et représentant, sur une face, la Nativité et Saint Chris-
tophe et, sur le revers, la Résurrection, où l’on retrouve le double
caractère de l’art allemand et des œuvres dues à Broederlam.

Les maîtres dont nous venons de parler résument toute la
période de l’histoire de la peintujrc à laquelle on a donné récemment
le nom d’école franco-bourguignonne, parce que les principaux élé-
ments en avaient été empruntés à la France du Nord et à la Flandre,
ainsi qu’à la Hollande et à l’Allemagne. C’est principalement à Paris.,
dans les travaux poursuivis par Charles V, que s’était formé ce noyau
d’artistes de nationalités diverses. Son faible successeur et ses frères
ne purent pas conserver intact cet héritage, par suite des vicissitudes
politiques. Plus habiles et étrangers aux malheurs de la France, les
ducs de Bourgogne offrirent un refuge aux peintres et aux sculpteurs
obligés de se procurer de nouvelles ressources. Plus tard, la Bour-
gogne fut absorbée par les provinces néerlandaises, dont la prospé-
rité rendit ses souverains les plus riches de l’Europe, et l’art émigra
de Erance pour constituer, à Bruges et à Gand, une école dont l’éclat
balance parfois celui des peintres italiens du xvc siècle.

A. DE CHAMPEAUX
 
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