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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
En parcourant ces pièces an plafond bas, mais jolies de disposi-
tion et de lumière, on rencontre quelques morceaux d’art secon-
daire, qui retiennent l’attention : de fort beaux marbres de cheminée,
par exemple, dont un surtout est intéressant par la façon dont sa
tablette est soutenue par deux grands palmiers, et aussi des boutons
de porte, des boites de serrure, des espagnolettes. Mais tout cela est
antérieur à Mme du Barry; sauf peut-être la cheminée aux palmiers,
ce sont des restes de la décoration des anciens Petits Cabinets de
Louis XV. Malgré toute sa faveur et la richesse du cadre qui en-
tourait sa beauté, la favorite semble n’avoir été que campée à Ver-
sailles; il est visible qu’elle ne mit point, dans son logis de la Cour,
l’empreinte d’un goût qui fût à elle, ni même du goût ordinaire de
son temps.
En même temps qu’on avait aménagé à Versailles, pour Mmc du
Barry, un appartement aux Petits Cabinets, on avait exécuté, au
premier étage, un travail d’art d’une certaine importance, pour
l’usage particulier de Louis XV. C’était une nouvelle salle de bains,
ornée de riches sculptures, placée dans la partie des Cabinets qui
avait été occupée jusqu’alors par Mmc Adélaïde et dont le Roi venait
de reprendre possession. Cette salle de bains, fort peu connue (car
l’insuffisance de l’éclairage actuel ne permet pas d’y introduire le
public), a reçu des historiens du Château le nom de « bains de
Mme Adélaïde ». C’est encore là une inexactitude. Ces bains sont ceux
du Roi et ils ont été faits en 1770.
Gabriel fournit le plan au mois de juin et, le 4 juillet, M. de Ma-
rigny demanda, en ces termes, de l’argent à l’abbé Terray :
« Monsieur, Je viens de recevoir de Sa Majesté des ordres de faire tra-
vailler au changement et à quelques arrangemens de ses bains au château
de Versailles, et l’intention de Sa Majesté est que cet ouvrage soit exécuté
pour son retour de Compiègne. Suivant le détail que j’ai fait faire au pre-
mier architecte, l’objet est une dépense de 15.000 livres. Je suis dans l’im-
puissance absolue, et vous ne pouvez l’ignorer, de faire même entreprendre
cet ouvrage, si je n’ay au moins ce secours à donner aux entrepreneurs. Je
vous prie, Monsieur, de vouloir bien donner des ordres au trésor royal
pour que cette somme soit versée dans la caisse des Bâtimens, quelques
jours avant le voyage, afin que les entrepreneurs puissent, dès le départ du
Roy, se mettre à la besogne. J’ai l’honneur d’être très parfaitement et très
véritablement.
Le marquis de Marigny 1. »
J. O1 1800.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
En parcourant ces pièces an plafond bas, mais jolies de disposi-
tion et de lumière, on rencontre quelques morceaux d’art secon-
daire, qui retiennent l’attention : de fort beaux marbres de cheminée,
par exemple, dont un surtout est intéressant par la façon dont sa
tablette est soutenue par deux grands palmiers, et aussi des boutons
de porte, des boites de serrure, des espagnolettes. Mais tout cela est
antérieur à Mme du Barry; sauf peut-être la cheminée aux palmiers,
ce sont des restes de la décoration des anciens Petits Cabinets de
Louis XV. Malgré toute sa faveur et la richesse du cadre qui en-
tourait sa beauté, la favorite semble n’avoir été que campée à Ver-
sailles; il est visible qu’elle ne mit point, dans son logis de la Cour,
l’empreinte d’un goût qui fût à elle, ni même du goût ordinaire de
son temps.
En même temps qu’on avait aménagé à Versailles, pour Mmc du
Barry, un appartement aux Petits Cabinets, on avait exécuté, au
premier étage, un travail d’art d’une certaine importance, pour
l’usage particulier de Louis XV. C’était une nouvelle salle de bains,
ornée de riches sculptures, placée dans la partie des Cabinets qui
avait été occupée jusqu’alors par Mmc Adélaïde et dont le Roi venait
de reprendre possession. Cette salle de bains, fort peu connue (car
l’insuffisance de l’éclairage actuel ne permet pas d’y introduire le
public), a reçu des historiens du Château le nom de « bains de
Mme Adélaïde ». C’est encore là une inexactitude. Ces bains sont ceux
du Roi et ils ont été faits en 1770.
Gabriel fournit le plan au mois de juin et, le 4 juillet, M. de Ma-
rigny demanda, en ces termes, de l’argent à l’abbé Terray :
« Monsieur, Je viens de recevoir de Sa Majesté des ordres de faire tra-
vailler au changement et à quelques arrangemens de ses bains au château
de Versailles, et l’intention de Sa Majesté est que cet ouvrage soit exécuté
pour son retour de Compiègne. Suivant le détail que j’ai fait faire au pre-
mier architecte, l’objet est une dépense de 15.000 livres. Je suis dans l’im-
puissance absolue, et vous ne pouvez l’ignorer, de faire même entreprendre
cet ouvrage, si je n’ay au moins ce secours à donner aux entrepreneurs. Je
vous prie, Monsieur, de vouloir bien donner des ordres au trésor royal
pour que cette somme soit versée dans la caisse des Bâtimens, quelques
jours avant le voyage, afin que les entrepreneurs puissent, dès le départ du
Roy, se mettre à la besogne. J’ai l’honneur d’être très parfaitement et très
véritablement.
Le marquis de Marigny 1. »
J. O1 1800.