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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 2
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Nolhac, Pierre de: La décoration de Versailles au XVIIIe siècle (Nouvelle Série), 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0168

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LA DÉCORATION DE VERSAILLES

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un peu lourdement traités, mais la disposition du sujet y est toujours
ingénieuse. Trois femmes, par exemple, se baignent dans une
rivière, avec un pont au fond du paysage ; une d’elles nage en
pleine eau, une autre y trempe seulement le pied, la troisième sort
de l’eau à mi-corps et saisit un tronc d’arbuste sur la rive. Une
scène analogue, mais moins champêtre, pourrait faire penser à un
bain de Diane; un corps féminin assez élégant se dévêt sur la poupe
d’une barque; deux nageuses se tournent de son côté et une servante
étend une grande tenture frangée aux branches d’un arbre. Les
autres compositions nous montrent deux femmes qui pêchent au
bord d’un étang; deux rameurs chinois conduisant une barque ; quatre
enfants jouant à se jeter d'une barque dans l’eau ; trois enfants se
baignant et dont l’un fait la planche ; deux pêcheurs dans une barque
pêchant à la nasse; trois hommes armés de fusils, au milieu de
roseaux, chassant au canard ; enfin, une leçon de natation à trois
personnages.

Au-dessous et au-dessus de ces compositions principales, des
bas-reliefs rectangulaires moins importants sont conçus dans le
même esprit. On y voit de petits paysages, avec cabanes au bord de
l’eau, des cerfs et des biches se désaltérant dans un ruisseau, des
canards sauvages volant et nageant. Il faut remarquer surtout deux
scènes de jeux enfantins sur l’eau, dont l’une représente une joute
de deux barques, l’un des joùteurs chancelant sous le choc de l’aviron.
Aux volets de la fenêtre sont des dauphins enlacés, au-dessus de
roseaux en croix, et un cygne aux ailes éployées lançant de l’eau1.
Dans l’ébrasement sont sculptés des objets de toilette assez curieu-
sement disposés : plat à barbe, flacon, ciseau, peigne, éponge, etc.
Plus curieux encore est le bas-relief horizontal de la même fenêtre :
il représente un ciel nocturne parsemé d’étoiles et de nuages, et
traversé par un double vol de chouettes et de chauves-souris2. L’effet,
de cette composition inattendue est augmenté par l’usage d’un or
bronzé, pour la dorure des chauves-souris. Dans tous les bas-reliefs,
du reste, se retrouve le mélange de l’or mat et de l’or bruni, et les
roseaux et d’autres accessoires sont aussi dorés en or vert.

Faut-il faire honneur à l’invention du seul Antoine Rousseau de
ce joli ensemble décoratif, — le dernier de ceux qui sont conservés
à Versailles du règne de Louis XV? Evidemment, à cette date, il

\. V. la gravure p. 149.

2. V. la gravure en tête de l’article. Ces compositions n’ont jamais été repro-
duites.
 
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