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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 2
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Gauthiez, Pierre: Hans Holbein sur la route d'Italie, 2: Lucerne, Altdorf
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0177

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

son étape, sans prétendre reconstituer un calendrier minutieusement
précis; jeu très incertain, et, semble-t-il, assez médiocrement utile.
J’avoue ne point parvenir à trouver concluantes les raisons que l'on
hasarde 1 pour placer le voyage en Italie avant le moment où Holbein
peignit la maison de Hertenstein. Ce n’est pas sur une simple
amende qu’un artiste,, dans ce temps-là, quittait une ville au cœur
de l’hiver, pour s’enfoncer dans les plus rudes montagnes de la
Suisse ; et, surtout, il devait médiocrement songer aux voyages après
la peine légère qu’il avait encourue. Car, s'il ne fut jamais bien
riche, « brave homme, mais si gueux qu’il n’avait pas, quelquefois,
de quoy dîner2», ce n’étaient pas ses démêlés avec la police luccr-
noise qui avaient pu accroître son viatique. Il est bien plus pro-
bable que, la maison Hertenstein achevée, notre homme, nanti de
l’argent reçu, voulut voir au moins un coin de cette Italie si voi-
sine, et qu’il imitait avant même de la connaître par des impressions
directes.

Il est bien évident que si Holbein avait composé les fresques de
Hertenstein dans la première ferveur de sa visite aux maîtres de
l'Italie septentrionale, la place donnée aux compositions d’après l’an-
tiquité, d’après l'histoire, l'influence de la Renaissance transalpine
eût été plus considérable encore. L’artiste, qui ne cessera jamais
plus, dans ses compositions, de subir le poids d’admirations clas-
siques et méridionales, celui-là, s'il avait connu les maîtres de la
péninsule autrement que par les gravures, n'aurait pas mis ses
gueux, ses mendiants, ses chasses et les saints du pays à la place
des rois, des héros, des triomphes selon les formules. Si, désor-
mais, la tradition des maîtres italiens, depuis le Bcrgognone jusqu’à
Raphaël et depuis le Vinci jusqu’à Marc-Antoine, apparaît dans le
reste de la carrière chez l’artiste en pleine maîtrise, combien n’eût-
elle pas été plus exclusive, et combien plus évidente n’apparaîtrait-
elle pas dans ces fresques, chez le jeune homme à peine engagé dans
sa voie !

En outre, il est infiniment vraisemblable que Holbein dut mettre
à profit, dès sa première arrivée à Lucerne, la recommandation que
lui avait pu donner, auprès de Jakob de Hertenstein, Mykonius de
Râle, ami du fils de la maison3. Les débutants gardent assez rare-

1. Liebenau, Hans Holbein, etc.,p. 129.

2. Charles Patin, Relations historiques et curieuses de voyages, etc. Lyon, 1674,
p. 124.

3. Liebenau, Ibid, p. 129..
 
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