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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
hypothèse, qui mettrait son voyage entre le 31 mai et le 25 sep-
tembre 1519, semble, et j’ai essayé de dire pourquoi, meilleure
encore et plus solide1. Ensuite, Holbein renouvelé, sinon plus par-
fait, grâce à l'Italie, serait revenu presque d'un trait à Bâle, où il
allait peindre Bonifacius Amerbach.
Les montagnes ne changent pas en quelques siècles ; et plusieurs
des monts uranais conservent les mêmes profils que Holbein dessi-
nait ; par exemple dans son Saint Pantalus (Musée de Bâle, n° 84),
où l’on retrouve le pont du Diable, et encore dans le Cebestcifel que
cite M. Yœgelin 2. Dans un dessin du British Muséum, l’on a reconnu
les plans particuliers aux massifs des Clarides et du Gothard, ces
coupes de roches qui frappent si fortement les voyageurs dans ces
admirables montagnes3. Il montre, ce dessin, des mineurs costumés
comme les kobolds des légendes ; c’est le costume du Harz main-
tenant encore, et l’on employait au xvi° siècle, on le sait, des Alle-
mands pour exploiter les mines de la Suisse ; les petits hommes
trapus et barbus, aux capuchons en pointe, cheminent sur des plan-
chéiages tels qu’on en voit encore, bruts et périlleux,, dans les mines
actuelles du pays. Ce sont les « mines de plomb et d’argent du canton
d’Uri,.les mines de fer du Madéran4», la plus curieuse vallée du
massif, riche en minerais, en cristaux d’une taille extraordinaire,
peut-être les mines du Bristenstock, peut-être encore les mines au
pied des Windgællen5.
Seul reste de tant de Holbein que la ville d’Altdorf6 aurait long-
1. En effet, Holbein, arrivé à Bâle fin octobre 1517, est mis à l’amende à
Lucerne le 16 décembre. Ce n’est pas en décembre qu’il eût passé le Saint-
Gothard. Faudrait-il admettre qu’il fût resté tout l’hiver dans Altdorf? Mais alors,
comment expliquer les dessins de montagnes qu’il aurait faits? Les montagnes
uranaises ne redeviennent pas abordables avant le terme du printemps.
2. Anzciger, V. 179. — His-Heusler, loc. cit., p. 65.
3. His-Heusler, Holbein’s Bergwcrk-Zeichnung im britischen Muséum (Jahrbueh
fiir kæn. preussiscJicn Kunstsammlungcn, 1894, IIIe fasc., p. 207 et suiv.)
4. Studer, Geschichte der physischen Géographie der Schweiz, IV. Buch, p. 389.
— His-Heusler, p. 209.
5. M. Vœgelin a voulu faire revenir Holbein par les Grisons, et donne une
importance peut-être excessive à des peintures du palais épiscopal à Coire.
J. Barckhardt a voulu que Holbein ait peint, à son retour d’Italie, le beau por-
trait du chanoine Angerer de la cathédrale de Brixen, que conserve le Ferdi-
nandeum, à Innsbruck. —Cf. S. Vœgelin, Wandgemælde im bischœflischen Palast
zu Chur. [Mittheilungen der Antiq. Gesellschaft in Zurich, 2. Abth., 1. Heft, 1878,
in-4°) et Allgcmeinc deutsche Biographie. Leipzig, 1880, xii, p. 716-717.
6. Hegner, p. 32. (Morgenblatt, 1821, n° 254). Ambroise Holbein, peintre, sculp-
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hypothèse, qui mettrait son voyage entre le 31 mai et le 25 sep-
tembre 1519, semble, et j’ai essayé de dire pourquoi, meilleure
encore et plus solide1. Ensuite, Holbein renouvelé, sinon plus par-
fait, grâce à l'Italie, serait revenu presque d'un trait à Bâle, où il
allait peindre Bonifacius Amerbach.
Les montagnes ne changent pas en quelques siècles ; et plusieurs
des monts uranais conservent les mêmes profils que Holbein dessi-
nait ; par exemple dans son Saint Pantalus (Musée de Bâle, n° 84),
où l’on retrouve le pont du Diable, et encore dans le Cebestcifel que
cite M. Yœgelin 2. Dans un dessin du British Muséum, l’on a reconnu
les plans particuliers aux massifs des Clarides et du Gothard, ces
coupes de roches qui frappent si fortement les voyageurs dans ces
admirables montagnes3. Il montre, ce dessin, des mineurs costumés
comme les kobolds des légendes ; c’est le costume du Harz main-
tenant encore, et l’on employait au xvi° siècle, on le sait, des Alle-
mands pour exploiter les mines de la Suisse ; les petits hommes
trapus et barbus, aux capuchons en pointe, cheminent sur des plan-
chéiages tels qu’on en voit encore, bruts et périlleux,, dans les mines
actuelles du pays. Ce sont les « mines de plomb et d’argent du canton
d’Uri,.les mines de fer du Madéran4», la plus curieuse vallée du
massif, riche en minerais, en cristaux d’une taille extraordinaire,
peut-être les mines du Bristenstock, peut-être encore les mines au
pied des Windgællen5.
Seul reste de tant de Holbein que la ville d’Altdorf6 aurait long-
1. En effet, Holbein, arrivé à Bâle fin octobre 1517, est mis à l’amende à
Lucerne le 16 décembre. Ce n’est pas en décembre qu’il eût passé le Saint-
Gothard. Faudrait-il admettre qu’il fût resté tout l’hiver dans Altdorf? Mais alors,
comment expliquer les dessins de montagnes qu’il aurait faits? Les montagnes
uranaises ne redeviennent pas abordables avant le terme du printemps.
2. Anzciger, V. 179. — His-Heusler, loc. cit., p. 65.
3. His-Heusler, Holbein’s Bergwcrk-Zeichnung im britischen Muséum (Jahrbueh
fiir kæn. preussiscJicn Kunstsammlungcn, 1894, IIIe fasc., p. 207 et suiv.)
4. Studer, Geschichte der physischen Géographie der Schweiz, IV. Buch, p. 389.
— His-Heusler, p. 209.
5. M. Vœgelin a voulu faire revenir Holbein par les Grisons, et donne une
importance peut-être excessive à des peintures du palais épiscopal à Coire.
J. Barckhardt a voulu que Holbein ait peint, à son retour d’Italie, le beau por-
trait du chanoine Angerer de la cathédrale de Brixen, que conserve le Ferdi-
nandeum, à Innsbruck. —Cf. S. Vœgelin, Wandgemælde im bischœflischen Palast
zu Chur. [Mittheilungen der Antiq. Gesellschaft in Zurich, 2. Abth., 1. Heft, 1878,
in-4°) et Allgcmeinc deutsche Biographie. Leipzig, 1880, xii, p. 716-717.
6. Hegner, p. 32. (Morgenblatt, 1821, n° 254). Ambroise Holbein, peintre, sculp-