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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0189

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

tendances de l’école de Kano, qui, aux xve et xvie siècles, montra dans ses pein-
tures d’une étonnante simplicité son amour des choses de la nature et leur figu-
ration, par le tracé des lignes sommaires et la touche des taches expressives.

M. de Seidlitz a bien mis en lumière les dons particuliers de chaque artiste
et son idéal personnel. Ce sont d’abord les Torii, qui, pendant un siècle, ont
illustré le théâtre et produit cette suite si variée de portraits d’acteurs, avant que
Sharakou n’y ait apporté cette puissance d’expression et cet accent de vie; puis
les dessinateurs de la femme, Kiyonaga et Outamaro, ces Grecs de l’Extrême-
Orient. Leurs figures de femmes, par la distinction de l'allure, le beau mouvement
des corps, les lignes rythmées des silhouettes, la suprême harmonie du drapé des
vêtements, ramènent invinciblement le souvenir à la plastique grecque et à la
peinture de vases antiques. Les uns comme les autres ont cherché, avant tout,
dans leurs figures, des combinaisons de lignes harmonieuses, la stylisation du
corps humain, plutôt que la vérité de l’expression physionomique. Dans un art
comme dans l’autre, la figure humaine ne faisait pas l’objet d’une étude spéciale
qui se serait proposé d’y trouver des traits particuliers, des reflets d’un état
moral; elle faisait partie d’un ensemble dont l’artiste cherchait avant tout l’eu-
rythmie et l’effet décoratif. C’est cela qu’il faut comprendre pour cesser de re-
procher aux Japonais l’impersonnalité de leurs figures.

Viennent les deux grands noms, enfin, qui dominent le commencement de
ce siècle, Hokousaï et IJiroshighé, les grands paysagistes du Japon. Il faut arriver
à eux pour rencontrer, après les paysages abstraits des vieilles écoles de peinture,
l’alliance de la vérité pittoresque et familière avec le goût, qui jamais ne s'était
perdu, des généralisations de formes et des éloquents résumés de dessin dans
la reproduction des traits essentiels des choses. Avec quelle acuité ils regardèrent
la nature et surent la reproduire dans la franchise et la hardiesse de ses colora-
tions! Ce furent des impressionnistes bien des années avant les nôtres. Hokousaï,
ce colossal génie, en dehors de sa vision nette et finement ironique des êtres et
des choses, sut, de plus, s’élever souvent au-dessus de la réalité et nous entraîner
à sa suite dans le domaine de la fantaisie et du rêve.

L’ouvrage de M. de Seidlitz vient bien à son heure et sera un guide des plus
sûrs et des plus utiles pour le nombre croissant des amateurs que cet art char-
mant passionne.

GASTON M I G F. O N

L’Adminislrateur-gérant : J. ROUAM.

PARIS. — IMPRIMERIE GEORGES PETIT, 12, RUE GODOT-DE-MAUROI.
 
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