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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 4
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Tourneux, Maurice: Diderot et le musée de l'Ermitage
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0356

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DIDEROT ET LE MUSÉE DE L’ERMITAGE

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pas, de la part de Falconet, les éloges chaleureux que Diderot leur
décernait. Il fut plus heureux, ou mieux servi par les circonstances,
lorsqu'il entra en pourparlers avec les héritiers du baron de Thiers.

Pour mener à bien une affaire de cette importance, Diderot eut
recours aux conseils d’un ami, dont le rôle officieux et désintéressé
n’a été que tout récemment mis en lumière. Cousin germain de
l’illustre médecin, frère du procureur-syndic qui requit, bon gré mal
gré, contre les Lettres de la Montagne de Rousseau, dont il était l’ami,
et du financier qui racheta la charge de fermier général de M. d’Epi-
nay, François Tronchin n'avait pas, jusqu'à ce jour, obtenu devant
la postérité la petite place à laquelle il a légitimement droit. La
main pieuse d’un arrière-descendant a restitué ses titres modestes
sans doute, mais trop longtemps effacés. Grâce à M. Henry Tronchinl,
il n’est plus possible d’ignorer que la vie de François Tronchin fut
l’une des plus longues et des plus heureuses qui aient été accordées
à un honnête homme. Propriétaire des Délices, il eut Voltaire pour
locataire, puis pour voisin, sans que leurs longs et fréquents rap-
ports (le fait est à noterj semblent en avoir jamais souffert. Métro-
mane inoffensif, il prit le parti de confier aux presses de l’ami Cramer
les élucubrations tragiques et comiques dont d’Argental se faisait le
truchement plus bénévole que convaincu, auprès du « tripot » de la
Comédie-Française, et que Diderot remaniait à sa guise au point de
les rendre méconnaissables. Possesseur d’un des premiers et plus im-
portants cabinets que l’antique citadelle du farouche calvinisme ait
vu se former, en dépit des règlements édictés par la Chambre des
Réformes, François Tronchin avait cédé, en 1771, à Catherine II, un
choix de tableaux2, bientôt remplacés par d’autres toiles non moins

1. Le Conseiller François Tronchin et ses amis Voltaire, Diderot, Grimm, d’après
des documents inédits, avec deux portraits en héliogravure. Paris, E. Plon,
Nourrit et Cie, 1895, in-8°, 399 p. et 2 fig.

2. François Tronchin avait fait imprimer deux fois sous le même titre (Cata-
logue des tableaux de mon Cabinet, Genève, mdcclxv, in-8°, 51 p. et s. 1. mdcclxxx,
in-8°, 80 p.) deux listes différentes des œuvres d’art composant sa collection. Le
premier de ces catalogues est devenu tellement rare que M. Henry Tronchin n’a
pu en parler de visu. Il n’existe pas non plus à la Bibliothèque Nationale et
M. G. Duplessis ne l’a pas signalé dans son essai bibliographique sur Les Ventes
de tableaux (1874, in-8°). M. le baron Pichon en possédait un exemplaire, inscrit
sous le n° 3447 de la vente posthume de sa bibliothèque et qui a été acquis par
un amateur bien connu, M. Jacques Doucet. On retrouve dans ce catalogue un
certain nombre de toiles qui figurent aujourd’hui à l’Ermitage, mais dont le détail
ne saurait trouver place ici.

xix. — 3e PÉRIODE.

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