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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 4
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Tourneux, Maurice: Diderot et le musée de l'Ermitage
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0362

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DIDEROT ET LE MUSÉE DE L’ERMITAGE

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habite la maison de Diderot, vient les lui offrir. Ménageot est dere-
chef appelé en consultation; il donne un avis favorable et, moyen-
nant mille écus les deux, voilà l’affaire conclue; mais quand les
tableaux sont décrassés, Ménageot en offre dix mille livres, ayant
reconnu — un peu tard — qu'il en avait jadis proposé sans succès
jusqu’à quinze mille livres au marquis de Conffans. Cette fois, le
marché tient bon et les deux tableaux partent pour la Russie1 * * * * * * *.

Quelques mois plus tard, Diderot se décidait enfin à faire, lui
aussi, le même voyage. Il visita certainement la galerie de l’Ermi-
tage et, avant de rentrer en France, il promettait à l’impératrice
d’aider le comte Ernest de Munnich dans la rédaction d’un futur in-
ventaire; il ne subsiste de ce projet qu’une liste assez informe de
noms de peintres, reliée à la suite de la copie de ses Salons,parmi les
manuscrits aujourd’hui déposés à la Bibliothèque impériale de Saint-
Pétersbourg. Le premier catalogue imprimé de l’Ermitage (1774),
que Paul Lacroix a eu la bonne pensée de réimprimer au tome XIII
de la Revue universelle des Arts, ne se recommande que par son
extrême rareté, et il est curieux de comparer cet embryon avec les
répertoires actuels; mais lorsque M. K. Somoff révisera l’excellente
introduction où il a résumé l’histoire de ces diverses collections, je
ne doute pas qu’il n’inscrive Diderot parmi ceux qui ont contribué
avec le plus de zèle et de discernement à rassembler les premiers
éléments du musée dont la Russie est légitimement fière.

MAURICE TOU RVEUX

1. Le catalogue de l'école française de l’Ermitage inscrit ces deux tableaux

sous les titres vagues de Paysage historique et de Vue de Sicile (n09 1414 et 1415).
Diderot, dans cette même lettre à François Tronchin, a, ce me semble, beaucoup

mieux désigné leurs sujets et, par suite, indiqué les titres qu’il conviendrait de
leur donner :

« Ils ont, dit-il, chacun sept pieds de large sur environ six pieds de haut.
L’on voit de grandes montagnes majestueuses; au haut d’une de ces montagnes
majestueuses, Polyphème, vu par le dos, jouant de la flûte. Au bas, une prairie,
avec Àcis, Galathée et d’autres bergers. A l’autre, ce sont encore de grandes mon-

tagnes imposantes et majestueuses. Au sommet d'une de ces montagnes, à

gauche, s’ouvre l’antre de Gacus ; là on voit Gacus renversé, la tête en bas et les

pieds en l’air, prêt à être assommé par Hercule, qui tient sa massue levée sur

le scélérat. Au bas ce sont des bergers, des bergères et des animaux dans une

prairie. »
 
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