DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:Sertat, Raoul: Les médailleurs français au XIXe siècle d'aprés un livre récent
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
nal, un instrument de combat, de propagande puissant, continu et divers, à la
façon d’un pamphlet quotidien ». Beaucoup de ces ouvrages sont improvisés,
hâtivement exécutés : mais qui songerait à leur tenir rigueur de leur imperfec-
tion, en constatant chez tous franchise et clarté, les caractéristiques mêmes du
tempérament national'? Au reste, des maîtres aussi, avec toutes les ressources
d'une technique parfaite, se révèlent ou s’affirment dans cette représentation
plastique des faits de la Révolution. Nous avons dit ici1 la difficulté qu’éprou-
vèrent les graveurs du Roi à se plier aux exigences du nouvel état social et de
l’idéal nouveau qui s’imposait avec lui, et comment à Benjamin Duvivier fut pré-
féré bientôt Augustin Dupré, le créateur de l’écu à l’Hercule, de la pièce d’or
avec le Génie de la Constitution, Dupré que ses travaux pour la république nais-
sante des États-Unis avaient si bien préparé à glorifier dignement la France
l’inauguration du port de calais
Médaille de M. Bottée.
rajeunie et dont l’œuvre brille à nos yeux d’un éclat d’autant plus vif, apparaît
d’autant plus considérable qu’aussitôt après lui — si l’on excepte encore les noms
de Nicolas-Marie Gatteaux et de J.-P. Droz — commence pour la glyptique, sous
la domination de Louis David et de son école, une longue, une affligeante
période de décadence.
C’est en vain que diverses récompenses sont réservées aux graveurs en
médailles, qu’on fonde à leur intention, en l’an XI, un grand-prix de Rome,
qu’on leur accorde deux fauteuils à l’Institut; entichée de l’antique, n’aspirant
qu’à l’imitation servile d’un art défunt, l’époque impériale des Andrieu et des
Galle passe sans profit pour le développement de la glyptique. Vient la Restau-
ration : nul signe encore de renouveau ; à peine la surprise d’une œuvre isolée,
telle que l’admirable pièce de Michaut, qui inspire à Edmond About sa boutade
fameuse : « Lorsqu’on jette sur le comptoir d’un marchand un écu à l’effigie de
Louis XVIII, on ne se doute pas qu’on dépense un chef-d'œuvre. » Et la princi-
1. Gazette des Beaux-Arts, 3° pér., t. XIV, p. 436.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
nal, un instrument de combat, de propagande puissant, continu et divers, à la
façon d’un pamphlet quotidien ». Beaucoup de ces ouvrages sont improvisés,
hâtivement exécutés : mais qui songerait à leur tenir rigueur de leur imperfec-
tion, en constatant chez tous franchise et clarté, les caractéristiques mêmes du
tempérament national'? Au reste, des maîtres aussi, avec toutes les ressources
d'une technique parfaite, se révèlent ou s’affirment dans cette représentation
plastique des faits de la Révolution. Nous avons dit ici1 la difficulté qu’éprou-
vèrent les graveurs du Roi à se plier aux exigences du nouvel état social et de
l’idéal nouveau qui s’imposait avec lui, et comment à Benjamin Duvivier fut pré-
féré bientôt Augustin Dupré, le créateur de l’écu à l’Hercule, de la pièce d’or
avec le Génie de la Constitution, Dupré que ses travaux pour la république nais-
sante des États-Unis avaient si bien préparé à glorifier dignement la France
l’inauguration du port de calais
Médaille de M. Bottée.
rajeunie et dont l’œuvre brille à nos yeux d’un éclat d’autant plus vif, apparaît
d’autant plus considérable qu’aussitôt après lui — si l’on excepte encore les noms
de Nicolas-Marie Gatteaux et de J.-P. Droz — commence pour la glyptique, sous
la domination de Louis David et de son école, une longue, une affligeante
période de décadence.
C’est en vain que diverses récompenses sont réservées aux graveurs en
médailles, qu’on fonde à leur intention, en l’an XI, un grand-prix de Rome,
qu’on leur accorde deux fauteuils à l’Institut; entichée de l’antique, n’aspirant
qu’à l’imitation servile d’un art défunt, l’époque impériale des Andrieu et des
Galle passe sans profit pour le développement de la glyptique. Vient la Restau-
ration : nul signe encore de renouveau ; à peine la surprise d’une œuvre isolée,
telle que l’admirable pièce de Michaut, qui inspire à Edmond About sa boutade
fameuse : « Lorsqu’on jette sur le comptoir d’un marchand un écu à l’effigie de
Louis XVIII, on ne se doute pas qu’on dépense un chef-d'œuvre. » Et la princi-
1. Gazette des Beaux-Arts, 3° pér., t. XIV, p. 436.