DOI issue:
Nr. 5
DOI article:Flammermont, Jules: Les portraits de Marie-Antoinette, 4
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Ces éloges, un peu excessifs, pourraient inspirer une certaine
défiance; mais l’opinion d’Horace Walpole est confirmée par d’autres
témoignages, qui ne prêtent pas à semblables réserves. L’ambassa-
deur d’Espagne écrivait, le 30 mars 1775, à son ministre, que la
Reine, fùt-elle une simple dame, paraîtrait très bien à n’importe qui
et que sa beauté était encore rehaussée par la situation élevée, où
elle se trouvait placée. Un autre fin connaisseur, le baron de Besen-
val, dans un chapitre rédigé en 1775., disait: «Sans être régulière-
ment belle^ ni jolie, sans être bien faite, l'éclat du teint de cette prin-
cesse, beaucoup d’agrément dans le port de sa tête, une grande élé-
gance dans toute sa personne la mettaient dans le cas de disputer à
beaucoup d’autres femmes qui avaient reçu plus d’avantages de la
nature, et même de l’emporter sur elles. »
L’Impératrice, que les succès de la Reine flattaient plus qu’on
ne saurait dire, voulut avoir son portrait en pied et en habit de
cérémonie ; mais, pour lui donner satisfaction, on eut à vaincre bien
des difficultés; plusieurs artistes échouèrent dans cette entreprise
avant qu’on pût arriver à obtenir une image qui plût à Marie-
Antoinette.
Louis-Charles Gautier-Dagoty venait d’attirer l’attention en ex-
posant, au Salon de Saint-Luc ou du Colysée, en 177G, ce tableau où
la Dauphine était mise en scène, au premier plan, à propos de cet
accident d’Achères dont il a déjà été question ici1. Son œuvre avait
sans doute été agréable à la Reine, car il fut chargé de faire le por-
trait de cette princesse en grand habit. Ce tableau fut donné en 1777
au prince de Starhemberg, dont les descendants le conservent pré-
cieusement au château d’Hubertendorf, dans la Basse-Au triche. Marie-
Antoinette est représentée debout, la main droite appuyée sur une
sphère que supporte une table où se trouve aussi la couronne royale;
elle est en costume de grande cérémonie et porte une robe magni-
fique sur un énorme panier, que recouvre en partie le manteau royal,
semé de fleurs de lys et doublé d’hermine ; sur les cheveux bien re-
levés est posée une toque de velours, surmontée d’une grosse touffe
de grandes plumes blanches fixée par une aigrette de diamants; du
sommet de la tête descendent par derrière deux longs rouleaux de
cheveux, qui retombent à droite et à gauche, sur les épaules et la poi-
trine; dans le fond, une statue de la France, tenant en ses mains un
portrait du Roi en buste ; sur le devant, une harpe et un cahier de 1
1. Voir t. XVIII, p. 301.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Ces éloges, un peu excessifs, pourraient inspirer une certaine
défiance; mais l’opinion d’Horace Walpole est confirmée par d’autres
témoignages, qui ne prêtent pas à semblables réserves. L’ambassa-
deur d’Espagne écrivait, le 30 mars 1775, à son ministre, que la
Reine, fùt-elle une simple dame, paraîtrait très bien à n’importe qui
et que sa beauté était encore rehaussée par la situation élevée, où
elle se trouvait placée. Un autre fin connaisseur, le baron de Besen-
val, dans un chapitre rédigé en 1775., disait: «Sans être régulière-
ment belle^ ni jolie, sans être bien faite, l'éclat du teint de cette prin-
cesse, beaucoup d’agrément dans le port de sa tête, une grande élé-
gance dans toute sa personne la mettaient dans le cas de disputer à
beaucoup d’autres femmes qui avaient reçu plus d’avantages de la
nature, et même de l’emporter sur elles. »
L’Impératrice, que les succès de la Reine flattaient plus qu’on
ne saurait dire, voulut avoir son portrait en pied et en habit de
cérémonie ; mais, pour lui donner satisfaction, on eut à vaincre bien
des difficultés; plusieurs artistes échouèrent dans cette entreprise
avant qu’on pût arriver à obtenir une image qui plût à Marie-
Antoinette.
Louis-Charles Gautier-Dagoty venait d’attirer l’attention en ex-
posant, au Salon de Saint-Luc ou du Colysée, en 177G, ce tableau où
la Dauphine était mise en scène, au premier plan, à propos de cet
accident d’Achères dont il a déjà été question ici1. Son œuvre avait
sans doute été agréable à la Reine, car il fut chargé de faire le por-
trait de cette princesse en grand habit. Ce tableau fut donné en 1777
au prince de Starhemberg, dont les descendants le conservent pré-
cieusement au château d’Hubertendorf, dans la Basse-Au triche. Marie-
Antoinette est représentée debout, la main droite appuyée sur une
sphère que supporte une table où se trouve aussi la couronne royale;
elle est en costume de grande cérémonie et porte une robe magni-
fique sur un énorme panier, que recouvre en partie le manteau royal,
semé de fleurs de lys et doublé d’hermine ; sur les cheveux bien re-
levés est posée une toque de velours, surmontée d’une grosse touffe
de grandes plumes blanches fixée par une aigrette de diamants; du
sommet de la tête descendent par derrière deux longs rouleaux de
cheveux, qui retombent à droite et à gauche, sur les épaules et la poi-
trine; dans le fond, une statue de la France, tenant en ses mains un
portrait du Roi en buste ; sur le devant, une harpe et un cahier de 1
1. Voir t. XVIII, p. 301.